

Chaque jour, des nouvelles concernant les vaccins tombent. Il y a d'abord les retards de livraison à répétition de Pfizer, de Moderna et d'AstraZeneca, obligeant les Régions à réaménager sans cesse le calendrier de vaccination. Voilà maintenant que le vaccin du groupe anglo-suédois est « provisoirement » déconseillé aux plus de 55 ans, faute de données suffisantes pour cette tranche d'âge, a annoncé mardi le Conseil supérieur de la Santé.
Se pose alors une nouvelle question: que faire dans un premier temps du vaccin AstraZeneca? Car 80.000 doses sont attendues ce dimanche 7 février, et 200.000 autres à la mi-février. Chacun y va de sa proposition. Paul Magnette veut en faire profiter les étudiants, sans pour autant dévier de la stratégie actuelle, qui privilégie les personnes âgées et à risques. « Si des lots de vaccins AstraZeneca arrivent et ne sont pas exploitables dans cette stratégie-là, ils pourraient très bien servir pour vacciner les jeunes », a suggéré le président du PS dans la Dernière Heure. « Ils sont plus en contact avec d'autres personnes. En étant vaccinés, ils peuvent contribuer à diminuer les contaminations. »
Le débat avait déjà été lancé plus tôt dans la semaine, par une quarantaine de Belges plaidant dans une lettre ouverte pour que les 18-24 ans soient reconnus comme une catégorie prioritaire. Une proposition qui divise les scientifiques puisqu'il n'est toujours pas acquis que la vaccination empêche la transmission du virus.
« Plus qu'un vaccin, c'est de perspectives dont la jeunesse a besoin », a réagi le cabinet du ministre bruxellois de la Santé Alain Maron (Ecolo). « Plus on avance dans la vaccination, plus les personnes à risques sont protégées, et plus on pourra lever les restrictions qui pèsent sur les jeunes », a abondé dans ce même sens son homologue wallonne, Christie Morreale. La socialiste propose d'ailleurs une autre piste pour utiliser le vaccin AstraZeneca, à destination cette fois du personnel enseignant, en les incluant dans les fonctions essentielles.
Selon le calendrier actuel, les métiers critiques seront vaccinés en avril - en théorie -, en même temps que les personnes de plus de 65 ans et des plus de 45 ans avec comorbidités. Les autorités ont d'ailleurs fixé ce mercredi soir la liste de ces personnes prioritaires, même si celle-ci pourrait encore évoluer. Les policiers et les pompiers pourraient ainsi être vaccinés après le personnel soignant. Ou encore les professeurs, comme l'évoque Christie Morreale.
Concernant les pathologies, outre celles déjà pointées cet été comme l'obésité, le diabète ou encore les maladies pulmonaires et cardiovasculaires, les patients atteints d'un cancer, d'une tumeur ou de démence pourraient également intégrer cette phase 1B.
Parmi le grand public, seront prioritaires les 18-64 ans souffrant d'une maladie chronique des reins ou du foie, ceux atteints du syndrome de Down et du sida ainsi que les patients en attente d'une greffe.
Mais un autre élément pourrait également venir chambouler la campagne de vaccination: Spoutnik V. Face aux retards de livraison des vaccins occidentaux, l'Union européenne pourrait se laisser tenter par le vaccin russe, vite écarté pour la rapidité avec laquelle il avait été élaboré et le manque de transparence dont la Russie avait été accusée.
S'il séduit désormais plusieurs pays européens, dont l'Allemagne, c'est parce que la prestigieuse revue médicale The Lancet a publié mardi des résultats encourageants, qui confirment l'efficacité à 91,6 % du vaccin. Soit très proche des 95% des deux vaccins à ARN messager, conçus par Pfizer et Moderna. « Un vaccin supplémentaire peut désormais rejoindre le combat pour réduire l’incidence du Covid-19 », ont conclu deux spécialistes britanniques et auteurs de l'étude, les professeurs Ian Jones et Polly Roy.
À l'heure actuelle, une dizaine de pays ont autorisé Spoutnik V pour vacciner leur population, dont la Hongrie qui fait cavalier seul en Europe. Pour le reste du continent, le vaccin russe devra, comme les autres candidats, se soumettre aux règles d'évaluation de l'Agence européenne des médicaments. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen garde en tout cas la porte ouverte, « à condition que les producteurs russes montrent de la transparence et toutes leurs données ».