
Déconfinement: assouplir doucement les mesures pour être un peu plus libre en mai ?

Maintenant que les coiffeuses et coiffeurs ont pu ressortir leurs ciseaux, et que d’autres activités ont pu reprendre, toute la Belgique n’a qu’un mot à la bouche : déconfinement. Quand les règles seront-elles assouplies un grand coup ? Quand pourrons-nous revoir nos proches, faire les magasins à plusieurs, aller au restaurant ou au café, etc.
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Politiques et experts sont régulièrement questionnés à ce sujet et chacun donne sa vision pour les prochains mois.
Particulièrement, les membres du Parti Socialiste, partisans d’un assouplissement lent et progressif, mais qui pourrait commencer dans les prochaines semaines.
A commencer par la ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale (PS), pour qui un déconfinement prudent devrait commencer ce 26 février, date du prochain comité de concertation, notamment pour les maisons de repos, où chacun devrait avoir reçu les deux doses du vaccin. C’est ce qu’elle a déclaré à la RTBF jeudi dernier. Mais ne voulant probablement pas donner trop d’espoir, elle a ajouté : « On sent que la lumière est au bout du tunnel. On va pouvoir doucement lever (les restrictions aux) libertés, mais pas trop vite, car en septembre dernier on a été un peu trop vite dans la dernière étape ».
La ministre fédérale de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), semble partager cette analyse, puisque selon elle, « on est en route vers un déconfinement progressif. Les chiffres sont bons. Évidemment, il faut continuer nos efforts. »
Même point de vue pour le ministre-président wallon, Elio Di Rupo (PS), qui a estimé qu’un déconfinement généralisé n’était pas envisageable, que celui-ci devrait se faire étape par étape.
Déconfiner en mai ? « Réaliste »
Par contre, du point de vue des scientifiques, déconfiner trop tôt serait dangereux. Pour le virologue Marc Van Ranst, idéalement on aurait pu relâcher la bride après Pâques, mais plus maintenant que les variants étrangers, encore trop imprévisibles, sont là. Il faudra attendre un peu plus.
« Si nous relâchons les rênes dès demain, nous reviendrons à des sommets désastreux dans trois semaines. Il suffit de penser à l'été. À un moment donné, nous avions 85 cas positifs par jour, et le nombre de tests positifs était inférieur à 1 %. Nous en sommes loin. Aujourd'hui, on parle encore de 1.950 infections et d'un taux de positivité de 5 %. Il est encore bien trop tôt pour se réjouir », a-t-il expliqué dans Het Laatste Nieuws.
Il imagine que le gouvernement devrait alléger quelques mesures avant d’atteindre le fameux seuil visé et c’est là que l’expert rejoint les politiciens : cela devra être progressif, étape par étape. « Il est trop tôt pour entrer dans les détails maintenant, mais il viendra un moment où il sera possible soit d'ouvrir l’Horeca, soit que la culture reprenne, soit le sport, soit de permettre à plus de gens de se retrouver. Mais vous ne pourrez autoriser qu'un seul assouplissement au début, il vous faut donc choisir. »
D’autres spécialistes le rejoignent sur cette position : il faudra retirer une contrainte à la fois et pas trop vite. « Chaque fois que l’on va déconfiner quelque chose, il faudra le faire avec beaucoup de prudence et en l’accompagnant de dispositifs », s’est notamment exprimé Marius Gilbert, pour qui un déconfinement en mai est réaliste, si les vaccins suivent.
Pas de régionalisation du déconfinement
Une autre question a été mise sur la table : pourquoi la Wallonie et la Flandre ne déconfineraient pas chacun à leur façon, puisque les règles, et les opinions, y sont déjà différentes ?
Pour Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral de la lutte contre le coronavirus, c’est une très mauvaise idée, notamment à cause de la petite taille de la Belgique. « Si vous autorisez les cinémas à Bruxelles mais pas à Leuven, les gens se déplaceront. C’est un jeu intellectuel intéressant mais cela ne me paraît pas réalisable à moins d’avoir recours à des mesures à la chinoise, en bloquant toute une province par exemple… », a-t-il expliqué à Sudpresse.
Un avis que rejoint le président du MR, Georges-Louis Bouchez, pourtant fort critique envers certains experts et politiciens flamands. « Politiquement, je ne peux pas être d’accord. Je me bats pour conserver l’identité belge. Quand on aura fait la différence entre la Wallonie et la Flandre, on fera de même entre le Hainaut et le Brabant wallon, puis entre le Wallonie Picarde et Charleroi. On peut toujours diviser un confetti à l’infini mais ce n’est pas la bonne pratique. On a peut-être loupé le coche avec Bruxelles et Anvers au moment où certaines mesures sanitaires auraient été utiles. Cela n’a pas été fait mais ce n’est pas facile sur un territoire aussi petit que le nôtre », a-t-il répondu.