Le débat s'intensifie autour de l'interdiction de voyager

Les restrictions de voyage en Belgique posent problème à la Commission européenne. Sont-elles justifiées ?

Les Belges doivent rester en Belgique jusqu'au 1er avril. - BELGA

Le Comité de concertation a discrètement prolongé l'interdiction de voyages non-essentiels jusqu'au 1er avril. Si discrètement que la Commission européenne - et de nombreux citoyens - n'a eu vent de cette mesure que jeudi dernier, soit une semaine après son annonce à demi-mot. Au-delà de la communication douteuse des autorités belges, c'est la prolongation de cette restriction qui préoccupe l'exécutif européen.

Nos dernières vidéos
La lecture de votre article continue ci-dessous

« Nous avons quelques soucis concernant les mesures en Belgique », a commenté lundi un porte-parole de la Commission européenne, Christian Wigand, soulignant qu'ils allaient prendre les mesures « nécessaires ». En effet, les restrictions de voyage en Belgique ne semblent pas respecter les recommandations qu'elle a elle-même adoptées. Ces mesures doivent être en réalité « non-discriminatoires, nécessaires et proportionnées », a rappelé le commissaire européen à la Justice Didier Reynders. C'est essentiellement ce dernier aspect qui pose question à la Commission.

« Le virus ne se laissera pas arrêter par des frontières fermées »

La Belgique n'est pas le seul pays à avoir suscité une certaine inquiétude de l'Union européenne. En fermant ses frontières avec la République tchèque et le Tyrol autrichien, l'Allemagne a également été critiquée par l'UE, qui redoute comme au printemps 2020 la tentation du « chacun pour soi » des pays face à la pandémie.

« Je peux comprendre la peur face aux mutations du coronavirus, mais il faut dire la vérité qui est que le virus ne se laissera pas arrêter par des frontières fermées », a déploré la commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, dimanche, dans le quotidien allemand Augsburger Allgemeine. « La seule chose qui aide, ce sont les vaccins et les mesures de précaution sanitaires, il est à mon avis erroné de revenir comme en mars 2020 à une Europe des frontières fermées. »

Des membres de la commission européenne

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et Stella Kyriakides. - Reuters

Une interdiction levée avant le 1er avril ?

Plutôt que d'interdire les déplacements non-essentiels, la Commission européenne préconise de les décourager fortement de ou vers les zones à risque. Mais cette recommandation n'est pas contraignante. « La Commission fait de son mieux en étant en contact permanent et en fournissant des analyses juridiques », se défend-elle. Le sujet sera à nouveau à l'ordre du jour d'une réunion informelle des ministres des Affaires européennes prévue le 23 février prochain.

Si cette pression politique est sans grande influence, elle survient toutefois dans un contexte où le déconfinement est sur toutes les lèvres. En Belgique, les chiffres continuent - lentement, mais sûrement - de baisser. Tout comme la motivation de la population.

Face à cette impatience, le Premier ministre Alexander De Croo a annoncé vendredi que l'interdiction, qui visait essentiellement le congé de Carnaval, serait réévaluée au prochain Comité de concertation, le 26 février. Ce week-end, la ministre de la Fonction publique Petra De Sutter et le ministre-président wallon Elio Di Rupo ont laissé entendre que l'interdiction pourrait même être levée avant le 1er avril. Au sud du pays, la question du couvre-feu, en vigueur depuis fin octobre, sera également sur la table fin février.

Débat
Plus d'actualité