Effets secondaires des vaccins anti-Covid: est-ce grave docteur?

Avec la multiplication des personnes vaccinées, les effets indésirables de la vaccination sont de mieux en mieux connus, avec parfois des réactions significatives. Mais pas de quoi s’inquiéter, au contraire.

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Petit couac pour le vaccin AstraZeneca cette semaine. En France, des soignants ont déclaré avoir subi des effets indésirables assez forts après avoir reçu des doses, à tel point que certains ont dû prendre des «antalgiques plus forts que du paracétamol» selon Le Monde. Fièvre élevée, courbatures, céphalées: certains se sentent tellement mal qu’ils ont dû arrêter de travailler. De quoi refroidir les ardeurs de leurs collègues candidats à la vaccination. L’hôpital de Périgueux demande même de remplacer le produit d’AstraZeneca par ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna, dont les effets secondaires sont réputés plus cléments. À ce sujet, la vaccination de millions de personnes a permis de récolter assez de données pour avoir une idée globale de ce que l’on risque ou pas en se faisant vacciner.

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Des réactions "intenses" très minoritaires

Selon l’Agence française de sécurité du médicament (Ansm), qui suit la poursuite de la campagne anti-Covid à la trace, 149 cas de «syndromes grippaux de forte intensité» ont été relevés (avec par exemple une fièvre à 40°C). Mais si certaines équipes de soignants ont été fortement touchées, cela représente une goute d’eau comparé aux 10.000 professionnels de santé vaccinés, avec un ratio de 1,5% de personnes avec des symptômes plus aïgus.

Le responsable de la stratégie de vaccination en France, Alain Fischer, précise aussi que l’état grippal n’est pas durable. Elle est en règle générale limitée aux deux jours suivant l’injection et n’est pas grave. «Ces symptômes ne sont pas constants du tout et concernent surtout des personnes jeunes», dit-il sur BFMTV. Or, justement, la moyenne d’âge des soignants malades est relativement basse: 34 ans. D’où peut-être le fait que certains professionnels de santé aient plus réagi que d’autres.

Des symptômes grippaux répandus et attestés

Alain Fischer n’ignore cependant pas le problème des arrêts de travail et recommande pour cela de ne pas utiliser le vaccin d’AstraZeneca en Moselle, un département où la pression hospitalière est assez forte. Le but: éviter que trop de soignants soient absents en même temps. L’Ansm a également suggéré dans cette perspective de vacciner «de façon échelonnée le personnel d’un même service».

En Belgique aussi, les services de santé sont conscients des réactions induites par le vaccin AstraZeneca. C’est ce que nous raconte une femme qui s’est faite vaccinée avec ce produit ce mardi au centre de vaccination du Heysel, le plus grand du pays et qui a ouvert hier (même si aujourd’hui, il est déjà fermé à cause d’un bug informatique). «Les médecins m’ont bien prévenue lors de l’injection que l’on pouvait avoir des syndromes grippaux, et c’est ce que j’ai eu ce mercredi matin. Mais je n’ai pas du tout été surprise et je ne suis pas inquiète», nous confie-elle. Elle est cependant clouée au lit et a pris du paracétamol pour soulager ses symptômes qui devraient bientôt disparaître.

Les pathologies graves rarissimes

Plus globalement, les données récoltées au Royaume-Uni, un des pays leaders de la vaccination anti-Covid en Europe, permettent d’avoir une idée plus précise sur la question. En date du 31 janvier, 9.296.367 de Britanniques ont reçu leurs premières doses. Ceux qui déclaraient avoir subi des effets indésirables après injection sont au nombre de 20.319 pour le produit de Pfizer (le plus utilisé) et de 11.748 pour AstraZeneca. Autrement dit, pour 1.000 doses, 3 à 4 pourraient être responsables d’effets secondaires. Dans leur très grande majorité, il s’agit de symptômes bénins (céphalées, douleurs articulaires, fatigue).

Il n’empêche que dans de très rares cas, des pathologies plus graves surviennent après injection d’un vaccin anti-Covid. «Dans environ un cas pour 100.000, il peut y avoir des réactions anaphylactiques qui ressemblent à des réactions allergiques», déclare Alain Fischer. «Cela survient chez des personnes qui ont déjà eu des accidents de ce type et qui ont souvent des stylos à injecteur d’adrénaline. Ces individus doivent évidemment s’identifier au moment de l’interrogatoire avant la vaccination». Enfin, des cas de tachycardie et d’hypertension artérielle ont également été signalés, à nouveau de façon rarissime et avec un rétablissement rapide. Pour l’instant, aucun lien de causalité n’a été fait entre un vaccin anti-Covid et les très rares décès constatés après injection, comme pour la trentaine de personnes âgées mortes en Norvège. Une surveillance accrue est néanmoins d’application pour surveiller le phénomène.

Le vaccin rend malade: «cela prouve qu’il est efficace»!

Si ces complications graves sont exceptionnelles, il n’empêche qu’une personne qui se fait vacciner peut raisonnablement s’attendre à des symptômes grippaux pendant deux jours. Une réaction suffisante pour alimenter les spéculations des antivaccins sur les réseaux sociaux. Cela a été le cas lorsqu’une docteure a mis en ligne un message expliquant qu’elle avait dû annuler ses rendez-vous après avoir «fait une mauvaise réaction à [sa] deuxième dose de vaccin». Réponse des internautes: «hécatombe vaccinale», «ne vous vaccinez pas»…

Cette même femme, contactée par 20 Minutes, a ensuite assuré que tout allait pour le mieux et insiste même sur le caractère parfaitement normal de cette réaction. «Je vais très bien aujourd’hui. Cette réaction est un signe de bonnes défenses immunitaires et prouve que le vaccin est efficace!», assure-t-elle. Les symptômes provoqués par l’injection témoignent en effet de l’activation du système immunitaire, ce qui est justement le but du produit. Le corps se sent attaqué et il se défend en produisant massivement les fameux anticorps qui permettront d’être protégés par la suite. Les autres vaccins, autres que celui pour le Covid-19, induisent donc logiquement le même type de conséquences. Ce n’est que si les syndromes grippaux perdurent au-delà de 48 heures que cela nécessite une attention accrue.

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