Entre AstraZeneca et l'UE, le bras de fer continue

AstraZeneca a-t-elle privilégié le Royaume-Uni dans la livraison de son vaccin anti-Covid ? Les contrats passés par la firme pharmaceutique contredisent en tout cas les propos de son PDG.

Le vaccin AstraZeneca n'a pas fini de faire parler de lui. - AFP

Alors que l'Union européenne reproche depuis plusieurs semaines à AstraZeneca d'avoir privilégié le Royaume-Uni, un document relayé par CNN est venu relancer la polémique. Celle-ci avait débuté en janvier, lorsque la firme pharmaceutique avait annoncé, avant même la validation de son vaccin, qu'elle ne livrerait qu'un quart des doses prévues pour l’Europe. De l'autre côté de la Manche, le Royaume-Uni continuait, lui, d'être approvisionné, sans aucun contretemps. Une différence de traitement qui n'avait pas manqué d'agacer la Commission européenne, exacerbant les tensions post-Brexit entre Londres et Bruxelles.

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À l'époque, le patron du laboratoire anglo-suédois s'était défendu, expliquant que si l'Europe a accusé d'importants retards, contrairement à son ex-membre, c'est parce que l'accord européen avait été signé trois mois après celui du Royaume-Uni. « Donc, avec le Royaume-Uni, nous avons eu trois mois supplémentaires pour résoudre tous les problèmes que nous avons rencontrés », avait justifié Pascal Soriot, pointant également la faible productivité des usines européennes.

Premier signé, premier servi ? Pas tout à fait

La commissaire européenne à la Santé Stella Kyriakides avait alors rejeté ce système du « premier arrivé, premier servi ». « Cela peut marcher chez le boucher au coin de la rue mais pas dans notre contrat », avait-elle déclaré, réclamant le respect des engagements.   

Stella Kyriakides

Stella Kyriakides. - AFP

Pire encore, selon les documents retrouvés par CNN, cette logique n'aurait même pas été appliquée. Le contrat entre les Britanniques et la firme pharmaceutique date en effet du 28 août 2020, soit un jour après la signature de l'accord avec l'UE. Et non avec trois mois d'avance.

Les deux contrats stipulent qu'AstraZeneca doit fournir des « efforts raisonnables » pour s'en tenir au calendrier de livraison initialement convenu, tout en lui permettant de « le mettre à jour et l'affiner » si nécessaire. Certains avaient suggéré que cette clause dans l'accord européen était responsable du retard de livraison des vaccins. Or, les mêmes termes sont employés dans le contrat britannique. L'entreprise aurait dû ainsi déployer les mêmes moyens pour satisfaire ses deux clients.

Accord contraignant

Face aux critiques, la firme a réagi, expliquant qu'« au moment de la signature de l’accord avec l’Université d’Oxford à la mi-mai 2020, AstraZeneca a conclu un accord contraignant pour la fourniture du vaccin au gouvernement britannique, permettant le développement d’une chaîne d'approvisionnement dédiée pour le Royaume-Uni ».

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