La solution israélienne pour déconfiner : un badge vert pour les vaccinés 

La version du passeport vaccinal made in Israël permet à ceux qui ont reçu les deux doses d’aller au restaurant ou à la salle de sports. Mais le pays annonce 10 fois plus de citoyens vaccinés qu’en Belgique, notamment grâce à des accords avec Pfizer qui posent question.

Le ministre de la Santé israélien, Yuli Edelstein, se faisant vacciner. (AFP)

Un an après le début de cette pandémie que bon nombre d’entre nous imaginaient finie avant l’été, il est sans doute temps d’examiner tous les scénarios qui permettraient de retrouver le plus vite possible un semblant de la « vie d’avant ».

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Actuellement, si les livraisons de vaccin suivent, si les courbes continuent de baisser et si, touchons du bois, tout se passe comme prévu, les règles sanitaires devraient être lentement adoucies pour retrouver un quotidien qui ressemble plus à celui que l’on a connu en 2019. Fin de l’été ? Automne ? Hiver ? C’est encore difficile à dire, mais on y est presque.

Une solution a été mise sur la table quelques fois, en Belgique et ailleurs, celle du fameux « passeport vaccinal ». Il s’agirait d’un certificat prouvant qu’un citoyen a bel et bien reçu les deux doses de vaccin. Le sérum n’étant pas obligatoire, il permettrait, hypothétiquement, d’autoriser la reprise de certaines activités ou l’accès à certains lieux aux détenteurs de cette attestation officielle.

Un dispositif qui fait débat. Certains y voient une façon déguisée de forcer la population à se faire vacciner ou une porte ouverte à la discrimination, d’autres trouvent que nous manquons encore de données sur la transmission du virus chez les personnes vaccinées. Mais l’Estonie et l’OMS étudient l’efficacité d’un tel système. Israël a déjà mis en place ce principe à sa façon au moyen de badges. Un vert pour ceux qui ont reçu les deux doses et un pourpre pour ceux qui n’en ont eu qu’une seule ou zéro. Ce dimanche, le pays commence son troisième déconfinement, organisé autour de cette classification.

Tous les Israéliens vont pouvoir retourner faire du shopping au centre commercial, emprunter des livres à la bibliothèque, visiter des musées ou même aller boire un verre au bar. Par contre, pour aller à la salle de sport, voir un concert, un match de foot ou manger au restaurant, il faudra avoir été vacciné et pouvoir le prouver au moyen du fameux badge vert. Ce n’est pas tout. Cette preuve permet aussi de voyager. Il est possible pour ses détenteurs de rentrer dans le pays après un séjour à l’étranger sans devoir rester en quarantaine plusieurs jours. Un test sera quand même réalisé.

Les centres commerciaux ont rouvert. (Zumapress)

Les centres commerciaux ont rouvert. (Zumapress)

10 fois plus que chez nous

Si cette stratégie, à base d’autorisations, a été mise en place, c’est parce qu’en Israël, le taux de vaccination de la population est déjà très élevé : 45% de la population a reçu une dose. C’est tout simplement le record mondial actuellement. Cela représente 4 millions de personnes. 2,6 millions d’entre eux ont même eu les deux.

Alors, certes, il est difficile de comparer la Belgique et Israël tant nos cultures sont différentes, mais en termes de taille, ils ne sont pas trop éloignés. La Belgique, c’est plus de 30.000 km² pour 11,5 millions d’habitants et Israël, environ 20.000 km² pour 9,2 millions d’habitants. Et donc, à titre indicatif, en Belgique, seulement 4,31% de la population a reçu la première piqûre, et 2,83% les deux. C’est 10 fois moins...

Des doses contre des données

De tels résultats en Israël ne tombent évidemment pas du ciel. L’Etat a signé un accord avec Pfizer et BioNTech pour 10 millions de doses à un rythme hebdomadaire entre 400.000 et 700.000 doses. Comment ? En promettant de transmettre aux sociétés pharmaceutiques, et à l’OMS, toutes les données récoltées sur la population vaccinée : âge, genre, antécédents médicaux, effets secondaires, etc. Ce qui est intéressant pour Pfizer, outre toujours plus de données pour ses recherches, c’est le système de santé très avancé du pays. « Nous leur avons dit que dès qu’ils nous donneraient le vaccin, nous pourrions vacciner à une vitesse qu’ils n’avaient encore jamais vue », a déclaré le ministre de la Santé, Yuli Edelstein, sur une radio américaine. Et c’est ce qu’ils ont fait. La campagne a commencé mi-décembre et mi-février, 2 Israéliens majeurs sur 5 ont reçu une des deux injections.

Evidemment, le système de badge et cet accord d’échange de données posent chacun des questions éthiques, notamment autour du respect de la vie privée. Que se passerait-il si ces données fuitaient et étaient rendues publiques ? Certes, elles sont anonymes mais avec autant d’informations, il pourrait être possible d’identifier certains citoyens...

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Israël a voulu faire passer la santé publique avant la protection de l’l’intimité de sa population. Au printemps dernier, l'État a songé faire suivre les personnes positives à la Covid-19 par les services secrets via leurs smartphones, afin d’être certains que la quarantaine soit respectée...

En soi, le rythme de vaccination israélien ne semble pas reproductible en Belgique, mais si l’idée du fameux passeport est remise sur le tapis, chez nous ou dans l’Union Européenne, les décideurs auront un pays cobaye à analyser.

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