Santé mentale et Covid-19 : « l'inquiétude est à son paroxysme »

La santé mentale n'a pas bénéficié de l'attention qu'elle méritait durant cette crise. Mais au-delà des manquements, le Conseil supérieur de la santé pointe dans son nouveau rapport des pistes d'action pour inspirer les décideurs politiques.

Le Conseil supérieur de la santé réitère l'alerte sur l'urgence de la santé mentale. - Unsplash

« Les messages d'alerte fusent en ce moment à propos du bien-être mental », constate le Conseil supérieur de la santé. À coups de cartes blanches, de manifestations ou de messages postés sur les réseaux sociaux, la population manifeste son inquiétude quant à l'impact psychosocial de la pandémie. Selon l'organe du SPF Santé publique, celle-ci est désormais « à son paroxysme ».  

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Après un premier avis émis en mai dernier, le CSS a mené une deuxième enquête auprès de 149 professionnels spécialisés en soins de santé mentale, ainsi que de 46 patients et aidants proches. Le constat est unanime, et n'a pas changé en neuf mois : « la santé mentale n’a pas été prise suffisamment en compte dans cette crise ». Les personnes interrogées se plaignent par ailleurs amèrement du peu de reconnaissance pour le travail accompli par les professionnels du secteur. « Ceux-ci se sont sentis mis sur le côté alors que le secteur est historiquement sous investi et que le contexte est particulièrement difficile et anxiogène », pointe le CSS.  

Une communication efficace et adaptée

Plusieurs éléments ont alimenté ce climat anxiogène, dont « le manque flagrant de vision claire quant aux perspectives ainsi que celui d'une approche globale et concertée de la crise par les autorités. » Outre la confusion créée par l'excès d'informations « de qualité variable, parfois contradictoires et même erronées », les citoyens éprouvent des difficultés à rester motivés et à conserver une attitude positive face à la longueur de la crise.

« Il est non seulement essentiel de disposer d'informations fiables, mais aussi de perspectives réalistes et positives », note le CSS qui appelle les autorités et les médias à travailler ensemble pour développer « une stratégie de communication efficace et non ambiguë ». « Un langage effrayant tout comme un ton autoritaire n'y contribuent certainement pas. Il convient de s'adapter aux groupes cibles concernés et en particulier à ceux dits vulnérables. » Sont ici visés les groupes au statut socio-économique faible, les patients souffrant de maladies chroniques, dont les troubles psychiques, ainsi que d'autres groupes qui devraient bénéficier de plus d'attention, comme les enfants, adolescents et étudiants.

Une récente étude de l'UMons, publiée ce week-end, insistait d'ailleurs sur le mal-être lancinant des jeunes de 3 à 25 ans, à mesure que la crise sanitaire et les restrictions qui en découlent s'éternisent.

Reconnaître l'importance de la santé mentale et agir

Pour prévenir les problèmes ultérieurs, le Conseil supérieur de la santé recommande de reconnaître l’importance de la santé mentale à tous les niveaux de gestion de la pandémie afin d’accroître l'efficacité de la gestion de la crise et de minimiser les effets néfastes de la pression mentale chronique sur la population. Cela peut se traduire « en intégrant activement des professionnels de la santé mentale dans le personnel de gestion de la pandémie de coronavirus », suggère le CSS, mais aussi en investissant dans le travail comme levier pour la santé mentale et en utilisant pleinement les structures de prévention existantes.

« Le temps des avertissements et des doléances semble révolu », remarque le Conseil supérieur de la santé face à l'inquiétude grandissante des professionnels du secteur. Alors que les conséquences de la pandémie - et des confinements - sur la santé mentale vont se ressentir pendant plusieurs années, il est temps de passer à l'action. 

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