
Pourquoi le CNS a décidé de ne (presque) rien déconfiner

«Une douche froide». Ce sont les mots utilisés par les secteurs déçus du comité de concertation (CNS) d’aujourd’hui, qui a décidé de ne faire aucune nouvelle annonce d’importance. Il n’y a en réalité qu’un seul changement: dès le 1er mars, la Wallonie (y compris Communauté germanophone) aura un couvre-feu similaire à celui de la Flandre, c’est-à-dire de minuit à 5 heures du matin. À Bruxelles, rien ne bouge et le couvre-feu reste de 22 heures à 6 heures. Les métiers de contact qui devaient rouvrir le 1er mars peuvent enfin être rassurés: la date de leur retour n’a pas changé. Pour le reste, le CNS se donne une semaine de plus pour voir si un déconfinement est possible ou pas. Un véritable revirement de situation au vu des signaux souvent positifs de ces derniers jours, balayés par les chiffres épidémiologiques négatifs qui sont arrivés sur la table du comité en tout début d’après-midi.
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Des chiffres inquiétants
Lors de la conférence de presse, les autorités belges ont en effet fait savoir que la propagation du Covid-19 s’était dernièrement renforcée. Les contaminations poursuivent une hausse de près de +25% mais ce qui inquiète surtout le gouvernement, c’est l’augmentation des nouvelles hospitalisations. Les chiffres de ce matin étaient déjà sur une courbe ascendante avec un chiffre de 142. Selon le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke, on parle aujourd’hui de +204 nouvelles hospitalisations. Une poussée importante qui invite à la «prudence», comme l’ont répété plusieurs fois les personnes présentes lors du CNS.
«Il y a aujourd’hui des variants nettement plus contagieux», a ajouté le Premier ministre Alexander De Croo, «et j’ai dit hier à la Chambre qu’il fallait éviter de prendre des décisions irréfléchies. En pleine tempête, il ne faut pas décoller. Ce serait irréfléchi et irresponsable. Le CNS a donc décidé de faire preuve de prudence et choisi de faire une pause d’une semaine pour suivre attentivement la situation».
Des annonces qui dénotent une certaine hésitation
Est-ce que le CNS est trop alarmiste ou pas? Il est vrai que le nombre de décès est extrêmement bas comparé à ces dernières semaines: +18 aujourd’hui. Mais le souci, c’est toujours le fameux décalage entre l’augmentation des contaminations et des décès. On peut donc s’attendre à ce que les décès suivent cette même courbe prochainement, dans entre 7 et 10 jours.
Par contre, Yves Coppieters, épidémiologiste de l’ULB présent sur le plateau de la RTBF, a été surpris par une menace brandie par Elio Di Rupo, ministre-président de la Wallonie. Ce dernier parle en effet d’une possible «troisième vague» qui serait possiblement sur le point de s’abattre sur la Belgique. Une annonce déconcertante pour le scientifique. «C’est impossible d’affirmer cela aujourd’hui», dit-il. «Si on veut confirmer une troisième vague, il faut un taux de positivité au-dessus de 10%. Aujourd’hui, on est autour de 6%. Il faut que le taux de reproduction du virus remonte à 1,3-1,4, contre 1 actuellement. Et il faut que l’occupation des lits en soins intensifs atteignent 40-50% contre 17% maintenant. Enfin, on doit regarder au temps de doublement des indicateurs. S’il diminue, on est dans une phase exponentielle».
Autre déclaration surprenante du CNS: la volonté d’attendre une semaine pour un nouveau CNS. Yves Coppieters précise que ce n’est pas en sept jours que de nouveaux éléments vont apparaître, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. Dès lors, il semble difficile de penser que les autorités auront assez d’informations d’ici la semaine prochaine pour décider d’un déconfinement. Mais le Premier ministre se veut confiant. S’il insiste pour dire qu’il est trop tôt pour décider quoi que ce soit aujourd’hui, il l’assure: «le printemps de la liberté est à nos portes».