
Chiffres Covid en hausse : un confinement sévère mais court pour Pâques ?

Ce mardi, les courbes de l’épidémie de Covid en Belgique continuent leur ascension débutée il y a quelques jours déjà.
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Entre le 13 et le 19 mars, la moyenne de tests effectués chaque jour était de 56.700. Sur ceux-ci, en moyenne 4060 ressortaient positifs, une augmentation de 41% par rapport à la semaine d’avant. Cela donne un taux de positivité de 7,5% pour la période.
Sur la même période, chaque jour 25 Belges en moyenne nous ont quittés à cause de la maladie. Une triste statistique, elle aussi, est en hausse.
Entre le 16 et le 23 mars, les hôpitaux ont accueilli chaque jour en moyenne 203,7 patients Covid. C’est également 21% de plus que la période précédente. Aujourd’hui, 2359 lits sont occupés par des personnes touchées par le coronavirus, dont 588 en soins intensifs.
Pas besoin de faire un dessin : les objectifs à atteindre pour nous permettre de déconfiner la Belgique sans mettre la population en danger s’éloignent toujours plus.
Comment réagir ? Face à ces augmentations, vendredi, le Comité de Concertation a choisi, dans l’urgence, de reporter plusieurs des assouplissements annoncés précédemment, à la grande déception de ceux qui pensaient pouvoir profiter à fond de leurs vacances de Pâques.
Mais depuis, plusieurs voix s’élèvent pour dire que ça ne sera peut-être pas suffisant.
Une mise au frigo
Parmi celles-ci, celle d’un des principaux concernés, le ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke. « Si on se limite aux mesures décidées vendredi, c’est un pari très risqué », a-t-il déclaré sur la VRT ce week-end. Selon lui, des mesures supplémentaires sont nécessaires afin que les écoles puissent reprendre après les vacances mais aussi si on veut que les restaurants et bars rouvrent en mai. Il pense notamment que c’est l’enseignement qui doit renforcer les règles en vigueur dans les écoles. Dans le contraire, « alors il faudra prendre des mesures fortes dans d’autres secteurs, car ne rien faire est un pari risqué », a-t-il ajouté.
Un avis que partagent les scientifiques. Ce mardi matin, interrogé par Bel RTL, Yves Van Laethem, virologue et porte-parole du centre de crise interfédéral, a estimé que reconfiner la Belgique pendant les deux semaines de Pâques était envisageable et pourrait être une solution.
« On a de toute façon deux semaines de fermeture des écoles qui sont déjà prévues, à un moment où les gens ne vont pas beaucoup travailler, où ils vont prendre congé », s’est-il exprimé. « On pourrait envisager cette mise au frigo sur une période de trois semaines, ce qui est tout à fait conséquent. Cela permettrait d’avoir une nette diminution du nombre de cas, et d’avoir une continuation de la campagne de vaccination. Les deux permettraient de croiser ces deux courbes, et d’enfin endiguer cette augmentation lente, incessante, qu’on constate depuis déjà quelques semaines. »
C’est en tout cas le scénario choisi par l’Allemagne dernièrement et, pour le virologue, la Belgique pourrait imiter ses voisins.
Rattraper l’occasion manquée
D’autres experts abondent dans le même sens. Ce fut notamment le cas du microbiologiste Emmanuel André ce lundi soir sur la RTBF. D’après lui, il est grand temps de réagir. « On est à un moment d’accélération de l’épidémie, et c’est justement à ce moment-là qu’il faut pouvoir agir, de manière rapide et claire. Et on a loupé le coche », a-t-il expliqué. « Je pense qu’aujourd’hui on est à un stade de l’épidémie où on est en train de décrocher. Et chaque jour qui passe, on retarde les décisions qu’on va devoir implémenter. […] Les mesures sont difficiles à prendre, mais elles restent nécessaires. »
Il semblerait que les scientifiques aient été entendus car après sa réunion avancée de vendredi dernier, le Codeco se réunira à nouveau cette semaine, et avant vendredi cette fois. D’après les informations du Soir, toute possibilité de renforcement sera étudiée pour mettre en place « une phase de confinement sévère pour un délai court ». Entre autres sur la table : la fermeture des écoles, des magasins non essentiels, des métiers de contacts ou même un couvre-feu avancé.