
Kesako ? Les mesures anti-Covid perdues dans la communication du gouvernement

Cette semaine, il s'est passé une chose incroyable dans le monde politique. Angela Merkel, chancelière allemande depuis seize ans, s'est excusée auprès de son peuple en assurant s'être trompée sur des mesures anti-Covid. Mieux, elle en assure l'entière responsabilité. « Une erreur doit être reconnue comme telle et surtout, elle doit être corrigée», a déclaré la chancelière. « Cette erreur est uniquement la mienne. Je demande pardon aux Allemands ». Du jamais vu. Et une bouffée d'air frais dans cette interminable pandémie.
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Malheureusement, ce n'est pas en Belgique que ça risquerait d'arriver. Déjà, il faudrait comprendre ce que le gouvernement nous veut. La dernière conférence de presse était un sommet dans la manière belgo-belge de couper les cheveux en quatre pour dire à demi-mot le contraire de ce qui avait été dit la veille. Bref, la communication des autorités, toute pleine d'empathie et de bons sentiments soit-elle, ce n'est pas exactement la panacée. Or, alors que la pandémie dure depuis plus d'un an, un peu de clarté et d'honnêteté ne nous ferait pas de mal. Voici, en trois points, ce dont le peuple a besoin pour faire passer la pilule.
Nous voudrions des mesures précises
Si les mesures ne sont pas claires, la communication aura du mal à l'être. Après un deuxième confinement de quatre mois qui ne disait pas son nom, voici les fermetures qui n'osent pas dire le mot. Ainsi, « les commerces non essentiels resteront ouverts.... Mais sur rendez-vous uniquement ». A mettre quelque part entre « les adultes se placeront uniquement aux fenêtres dans les transports » et « il est interdit de traverser la maison d'une personne pour aller dans son jardin ».
Ce genre de mesures ne fait qu'accroître le sentiment que les autorités (politiques et sanitaires) sont complètement déconnectées de ce qui se passe dans le monde réel, dehors dans la rue, là où il y a de vrais gens... Concernant la non fermeture des magasins non-essentiels, une affiche (lue sur une vitrine, dans la rue, justement) vaut mieux que de belles paroles : « Magasin non essentiel sur rendez-vous uniquement. Merci de nous téléphoner afin de fixer un rdv. Vous aurez le rendez-vous dans la minute vu que nous sommes derrière la porte ».
Nous voudrions un leadership clair
C'est en temps de crise, quand la nation a le plus besoin d'un guide pour la rassurer, que le leadership s'affirme. Pensez à Churchill durant la Deuxième guerre mondiale ! Un leader que tout un chacun était prêt à suivre. La question se pose : qui décide en Belgique ? Qui mène les troupes ? Après les six premiers mois gérés par un gouvernement en affaire courante, le gouvernement De Croo est tout aussi brouillon. Comme toutes les deux semaines, ils sont cinq ou six à se mettre autour de la table, en présentiel, pour annoncer des mesures, chacun parlant le masque baissé...
Entre les régions, les communautés et le fédéral... Entre les partis du nord, du sud, de droite et de gauche, de l'opposition ou de la majorité... Entre les experts et les politiques, qui a le dernier mot ? Qui s'exprime vraiment ? L'impression laissée est que chacun s'exprime à sa façon (c'est d'ailleurs le cas dans les médias) et qu'on fait un melting-pot de tout cela qu'on appelle compromis. Les mesures semblent être des marchandages politiques entre différents niveaux de pouvoir (on ne sait plus combien) et, en fin de compte, on ne sait plus qui écouter. C'en est à un point tel que même les partis de la majorité (le MR) critiquent et se dissocient des mesures approuvées...
Nous voudrions de l'honnêteté
En somme, Alexander De Croo, c'est le bon flic. Plein d'empathie, il comprend que c'est difficile mais nous assure de faire un « dernier effort ». Sans être paternaliste, sans nous réprimander de ne pas suffisamment suivre les mesures sanitaires. Très bien, mais le parler vrai, là-dedans ?
Exemple : il y a cinq jours, il était hors de question de fermer les écoles. Les professeurs allaient même passer en tête sur la liste des vaccinations. Aujourd'hui, les écoles ferment (sauf les maternelles) et les profs se retrouvent en bout de ligne. Pourquoi ? Parce qu'il manque de vaccin. Moderna et AstraZeneca ne fournissent qu'au compte-goutte, quand ils fournissent... Aucune fourniture n'est encore prévue pour avril. Mais cela, le gouvernement ne le dira pas.
C'était déjà le même problème il y a un an, souvenez-vous. Le port du masque n'était pas obligatoire. Il n'était même pas conseillé car, pour de nombreux experts, il ne servait pas à grand-chose. En vérité, on manquait de masque, tout simplement. Mais cela, personne ne l'a avoué clairement. Faire aveu d'échec ? Assumer un rétropédalage ? Des manquements ? Des lenteurs ? Voire des erreurs ? Bref, assumer la responsabilité due au rôle de leader d'une nation comme l'a fait Angela Merkel ? Ca, jamais !