
Covid-19 et variant britannique : 3e vague ou « nouvelle pandémie » ?

Dernièrement, une nouvelle formule utilisée par notre Premier ministre pour décrire l’état actuel de la crise sanitaire dans notre pays a fait le tour des médias : « presque une nouvelle pandémie ». C’est ainsi qu’Alexander De Croo a défini la situation du moment sur le plateau du JT de la RTBF ce dimanche soir.
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Pendant des mois, c’était par contre « la troisième vague » qui menaçait la Belgique. Un terme qu’on nous a ressorti tous les jours à toutes les sauces. Et c’est assez logique: beaucoup de nos voisins européens y faisaient déjà face avant nous, et l’affrontent toujours pour certains. Une formulation que le chef du gouvernement fédéral n’a pas abandonnée, puisqu’il a ajouté qu’il fallait « casser cette troisième vague ». Ce n’est donc plus la craindre qu’il faut désormais, c’est l’arrêter.
Peu étonnant dès lors que cette nouvelle expression, « nouvelle pandémie », ait marqué. Il s’agit d’ailleurs d’un choix de mots compréhensible. Difficile de dire aujourd’hui que notre pays fait une troisième fois face à la même épidémie.
Plus contagieux
Le virus qui fait progresser les courbes belges vers le haut en ce moment n’est plus celui du printemps 2020. Aujourd’hui en Belgique, trois quarts des infections sont dues au variant britannique, qui est plus contagieux et plus virulent. Le Premier ministre l’a d’ailleurs rappelé lui-même, explicitant ainsi cette nouvelle expression.
Des études ont montré que ce nouveau coronavirus causait plus de formes graves de la maladie, et donc plus de décès. « Cependant, même s’il est plus létal, le taux de mortalité global reste assez faible », explique Benoit Muylkens, virologue et professeur à l’UNamur dans La Libre. « Il y a plus de chances de développer une forme mortelle mais, encore une fois, ce sont les personnes avec un profil à risque, avec des comorbidités, qui sont les plus concernées. »
Un virus plus contagieux et plus de patients sévèrement malades, cela veut aussi dire plus de lits occupés en soins intensifs. Et pas uniquement par des séniors ou des personnes souffrant d’autres problèmes de santé.
En ce mois de mars, beaucoup de jeunes ont été hospitalisés. Il y a un an, ils avaient été très largement épargnés. « On n’a quasi plus patients de plus de 80 ans hospitalisés », expliquait il y a quelques jours Leïla Belkhir, infectiologue aux Cliniques universitaires Saint-Luc. « On est à 50% de moins de 50 ans, ce qui n’était pas habituel auparavant. On a des personnes de 34, 35, 40, 44, 47 ans. Il y a certes parfois un facteur de risque, comme l’hypertension. Attention, nous avons déjà eu des plus jeunes hospitalisés par le passé. Mais c’est clair que je constate aujourd’hui des patients plus jeunes qu’avant. » Par contre, les jeunes ne développent pas tous une forme sévère de la Covid et peuvent donc être soignés plus facilement.
Autre grosse différence avec « l’ancienne pandémie », c’est le rôle des écoles. Bien que les enfants restent moins contagieux que les adultes, le virus semble lui se propager plus rapidement parmi toutes les tranches d’âges. Lundi dernier, 44 écoles primaires et secondaires étaient entièrement fermées.
En résumé, le variant britannique figurant une nouvelle version du virus, il n’est pas inapproprié d’affirmer que la Belgique fait face à une nouvelle pandémie, ou en tout cas, à une variante.
Un reconfinement ou pas ?
A noter que dernièrement, le Gouvernement fédéral a fait particulièrement attention à son choix de vocabulaire.
Quelques semaines plus tôt, le Comité de concertation avait présenté un programme potentiel d’assouplissements lents des règles avec comme objectif un déconfinement pour le 1er mai. Alors que beaucoup de secteurs professionnels à l’arrêt mais aussi la population, à bout, avaient enfin une échéance, il aurait été malvenu d’annoncer un nouveau (re)confinement. C’est pourtant ce qui a eu lieu, direz-vous, mais pas vraiment.
Le Codeco a annoncé « un report des assouplissements », « une pause pascale », ou même « des mesures de temporisation ». Mais il suffit d’ouvrir un journal, belge ou étranger, ou de passer quelques minutes sur Internet pour se rendre compte qu'il s’agit bien d’un reconfinement aux yeux de tout le monde.