Le Danemark renonce à AstraZeneca

Le pays scandinave, choqué par un décès, a choisi le principe de précaution. Une initiative qui fait le débat parmi les experts danois.

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Ce mercredi, le Danemark est devenu le premier pays à arrêter totalement l’utilisation du vaccin AstraZeneca et ce jusqu’à nouvel ordre. La mesure sonne toutefois comme une décision définitive. Pour justifier ce choix, le directeur du Conseil danois de la santé Søren Brostrøm a fait valoir qu’une personne sur 40.000 vaccinée avec AstraZeneca risquait d’avoir des complications graves dont des caillots sanguins sévères, tout en précisant que ce chiffre était encore incertain. Cette position ne fait cependant pas l’unanimité dans le pays.

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Attendu pour certains, regrettable pour d’autres

Le choix du Danemark n’étonne pas certains spécialistes du pays, à l’instar de Nils Strandberg Pedersen, ancien directeur du Statens Serum Institut (un organisme spécialisé sur les maladies infectieuses). «Je m'attendais à abandonner du vaccin d'AstraZeneca, ou peut-être simplement le donner aux personnes âgées», confie-t-il au quotidien Berlingske. «On est confronté à la nécessité de vacciner des personnes plus jeunes maintenant, et là, il faut dire que le risque de contracter les rares cas de caillots sanguins et de saignements est tout à fait réel».

Une position qui n’est pas partagée par sa collègue Else Smith qui parle d’une décision «vraiment regrettable». «Si le vaccin d'AstraZeneca est complètement éliminé, je suis également très inquiète pour le vaccin Johnson & Johnson, car ils sont similaires à long terme», dit-elle. Pour rappel, le produit de Janssen a lui aussi été suspendu suite à des suspicions de cas de thromboses qu’il aurait provoqués. «Je dirais que les chances de son utilisation ne sont pas bonnes», déclare d'ailleurs Nils Strandberg Pedersen à propos de Johnson & Johnson.

Une balance bénéfices-risques influencée par le contexte

Outre les cas de thromboses, l’initiative danoise a également été influencée par le faible poids d’AstraZeneca dans la campagne de vaccination du pays. Seules 150.000 personnes avaient reçu une première injection grâce à lui et celles-ci pourront utiliser un autre vaccin pour compléter leur immunité face au Covid-19. D’après les informations du journal Politiken, le retrait d’AstraZeneca ne devrait pas avoir un grand impact sur la suite. Il en serait différemment si Johnson & Johnson devait subir le même sort, vu que le pays a commandé des millions de doses de ce produit. En date du 14 avril, 18,9% des Danois sont vaccinés selon l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies).

À ce jour, l'Agence européenne des médicaments (EMA) estime qu'il existe un lien probable entre des cas de thromboses et le vaccin d’AstraZeneca, même si cela reste extrêmement rare. Tout comme l’OMS, l’EMA rappelle que la balance bénéfices-risques reste en faveur d’AstraZeneca au vu des vies sauvées grâce à lui.

En mars dernier, le Danemark a néanmoins été choqué par le décès d’une femme suite à l’administration de ce produit. Lorsqu’elle avait été emmenée à l’hôpital, elle souffrait de saignements dans les glandes surrénales et avait un gros caillot dans le cerveau. Après six jours, elle est décédée. Il s’était avéré que son organisme avait mal réagi et son taux de plaquettes s’était effondré. L'Agence danoise des médicaments avait conclu à un lien probable entre sa mort et l’injection du vaccin d’AstraZeneca.

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