
Bas les masques dans les rues d’Israël

Les images en provenance de Jérusalem depuis hier dimanche ont de quoi rendre jaloux. Pas uniquement pour la météo locale, plus agréable que la nôtre, voire caniculaire, mais bien pour un détail qui frappe. On peut désormais voir, dans les rues de la capitale israélienne, des nez et des bouches.
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Cela faisait un an que les visages devaient être couverts en extérieur dans le pays, comme dans beaucoup d’autres. Aujourd’hui, la population israélienne respire enfin.
Depuis ce dimanche, le masque n’est plus obligatoire à l’extérieur, sauf durant les rassemblements. Dans les lieux publics et les transports en commun, c’est par contre toujours le cas. Les Israéliens se baladent donc toujours avec les fameuses protections sur eux, mais peuvent désormais respirer et parler dehors sans obstacle.
Parmi la population, certains sont évidemment ravis, comme Eliana, 26 ans, qui se marie dans deux semaines. « Je suis soulagée on peut recommencer à vivre », a-t-elle témoigné. « On pourra tous célébrer sans masque et ça fera de bonnes photos ! Mais vous ne pouvez plus prétendre que vous ne reconnaissez pas les gens dans la rue ».
Pour d’autres, le masque faisait désormais partie intégrante du quotidien. Dès lors, marcher le nez à l’air libre est encore étrange pour le moment. « Ne pas porter de masque pour la première fois depuis longtemps, cela fait bizarre. Mais c’est un très bon sentiment », a raconté Amitai, 19 ans, à l’agence Reuters. « Si je dois être masqué à l’intérieur pour en finir avec tout ça, je ferai tout ce qu’il faudra. »
Être assis sans masque en terrasse. Ailleurs, beaucoup en rêvent. (Crédit: Maxppp)
La fin du port du masque en extérieur n’est pas la seule nouvelle mesure du week-end. Les élèves des dernières années de secondaire peuvent retourner en classe, comme ceux des cycles inférieurs, mais en conservant les gestes barrières : distanciation, aération des salles...
Vaccination express
S’il pourrait être hâtif d’assouplir ce règlement en Belgique ou même chez nos voisins, il ne s’agit pas d’une décision précipitée pour l’Etat hébreu. En effet, plus de 60% de la population a déjà reçu les deux doses. Le chiffre grimpe à 81% si on ne compte que les personnes de plus de 16 ans, les ados et enfants ne pouvant pas encore s’y faire vacciner.
A titre de comparaison, 7,7% de la population majeure de Belgique, un peu plus de 700.000 personnes, est déjà entièrement immunisée. C’est 10 fois moins.
La campagne de vaccination a été particulièrement rapide en Israël, mais à quel prix ? L’Etat a obtenu des doses Pfizer en grand nombre et rapidement en échange des données médicales de tous les citoyens vaccinés. Le genre de deal qui n’aurait pas pu avoir lieu partout, particulièrement dans l’Union Européenne d’aujourd’hui, avec son RGPD.
Mais ce n’est pas tout, à l’instar des initiatives QVax et BruVax chez nous, la problématique des doses inutilisées a été rapidement prise en compte et a participé à la rapidité de la campagne israélienne.
Une norme sociale
« Nous sommes les leaders mondiaux en ce moment en termes de sortie de la crise du coronavirus », s’est vanté le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a tout de même rappelé que son pays « n’en a pas encore fini avec le virus » et « qu’il peut revenir ».
Benjamin Netanyahu. (Reuters)
Du côté des autorités sanitaires du pays, on salue cette décision, qui aurait pu arriver bien plus tôt selon l’épidémiologiste Hagai Levine, jusqu'à récemment président de l'Association israélienne des médecins de santé publique.
« Cette politique est devenue encore plus étrange lorsque l'incidence est devenue très faible et que la plupart des populations sensibles ont été vaccinées. Notre association a appelé il y a longtemps à annuler le port obligatoire du masque à l'extérieur », a-t-il commenté au quotidien Haaretz.
Son successeur à la tête de cette association médicale, le professeur Nadav Davidovitch, rappelle qu’il ne faut pas pour autant complètement abandonner le masque et que son port est toujours impératif dans les lieux clos. Mais il ne s’inquiète pas pour autant. Pour lui, porter le masque à l’intérieur est déjà devenu « une norme sociale, intégrée à la culture », du pays.