Vaccination : le paradoxe des Seychelles

Malgré un taux de vaccination parmi les plus élevés au monde, les Seychelles font face à un rebond de l'épidémie.

La campagne de vaccination a débuté en janvier dernier aux Seychelles. - AFP

Depuis des mois, le monde mise tout sur le vaccin anti-Covid pour revenir à la vie normale, mais ça pourrait ne pas suffire. Exemple aux Seychelles, où plus de 60% de ses quelque 100.000 habitants sont complètement vaccinés. En termes de première dose, le pays a même dépassé le fameux seuil de 70%, fixé pour atteindre l'immunité collective. Pourtant, l'archipel paradisiaque, situé dans l'Océan indien, connaît depuis le début du mois de mai une recrudescence de l'épidémie de Covid-19.

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Proportionnellement à la population, les Seychelles sont le pays qui a recensé le plus de contaminations la semaine passée, avec 4.083 cas positifs pour 100.000 habitants. Loin devant l'Inde (238) et le Brésil (297), durement touchés par le coronavirus.

Vaccination inutile ? Au contraire

De nombreuses publications antivax ont profité de cette situation sanitaire particulière pour remettre en cause l'utilité de la vaccination. Le tableau est toutefois plus complexe qu'il n’y paraît : être vacciné protège efficacement contre les formes graves de la maladie, mais cela n'empêche pas forcément d'être infecté. Un constat qui s'observe également aux Seychelles : alors que l'incidence a fortement augmenté, le nombre de morts ou de patients en soins intensifs ne suit pour l'heure pas la même trajectoire. « Les personnes dans un état critique aujourd'hui n'avaient pas encore reçu le vaccin », assure le Dr. Jude Gedeon, commissaire à la santé publique du pays. « Ce que les gens ne réalisent pas, c'est que si nous n'avions pas atteint le taux de vaccination actuel, notre situation aurait été bien pire. »

Comment expliquer ce paradoxe ?

Plusieurs pistes sont évoquées pour expliquer ce phénomène paradoxal, dont la démographie particulière du pays. Il compte en effet moins de 100.000 habitants répartis sur 115 îles. Ce qui rend les indicateurs sensibles aux variations.

C'est également « grâce » à cette population peu nombreuse que les Seychelles détiennent pour le moment le titre de « pays le plus vacciné au monde ». Cette protection est toutefois jugée encore incomplète. Il faut attendre deux semaines après la deuxième dose pour que celle-ci soit optimale. Or, selon le Département seychellois de la santé, 70% des personnes infectées dans le pays n'avaient pas encore été vaccinées ou alors avaient reçu seulement une dose. Parmi les autres 30%, les gens venaient de recevoir leur deuxième dose.

Autre élément de réponse : la qualité des vaccins utilisés, à savoir Sinopharm et Covishield. L'efficacité du vaccin chinois, approuvé récemment par l'OMS, a été estimée à 79%. Quant à l'autre vaccin utilisé, produit par AstraZeneca, un taux proche de 90% était estimé lors des essais cliniques. Ce qui, au regard de la situation sanitaire, semble exagéré.

Reste à étudier également la question des variants. Leur présence parmi les cas détectés aux Seychelles n'est pas communiquée. Or, on sait déjà que plusieurs vaccins, dont celui d'AstraZeneca, sont sensiblement moins efficaces face à certains variants, dont le B.1.351 dit « sud-africain », identifié sur l'archipel dès février. En attendant, de nouvelles restrictions, comme la fermeture des magasins et des bars, ont été mises en place le 4 mai dernier pour enrayer le rebond épidémique.

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