
Variant Delta: quand la Belgique devra-t-elle s’inquiéter?

La progression est «lente mais sûre». Alors que la semaine dernière, 16% des contaminations belges étaient liées au variant Delta, ce chiffre est désormais de 23%. Pas de panique pour l’instant puisque sur la même période, les nouvelles infections ont baissé de 25%. Mais on peut se demander combien de temps cela va durer encore. Dans tous les pays où le variant Delta est devenu majoritaire, les courbes épidémiologiques sont en hausse, à des degrés divers. Le Royaume-Uni n’ose plus aller jusqu’au bout de son déconfinement, tout comme Lisbonne. Israël réinstaure le port du masque en intérieur alors que l’Australie n’y va pas par quatre chemins en reconfinant certaines de ses villes touchées par ce nouveau mal. Quant à la Russie, elle n’a jamais eu autant de décès que maintenant. De quoi faire craindre que la Belgique ne suive un chemin similaire. En l’occurrence, même si notre pays pâtit de quelques faiblesses, il peut aussi se prévaloir de points forts qui devraient l’aider à faire face à cette situation.
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La Belgique proche du niveau critique
Même si cela pourrait être utile, il est difficile d’établir un seuil précis à partir duquel le pourcentage de circulation du variant Delta deviendrait préoccupant, avec une hausse presque automatique du total des infections. Mais selon Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral Covid-19, on peut quand même imaginer un certain baromètre. «Au vu de ce qu’il se passe dans les autres pays, on pourrait parler d’un niveau crucial entre 30-50%», dit-il, même s’il tient à préciser que ce chiffre n’est pas absolu. «Aujourd’hui, on est à 23% en Belgique et la semaine prochaine, on pourrait déjà passer à environ 40%. Donc d’ici une quinzaine de jours, on pourrait déjà commencer à sentir cette remontée des chiffres épidémiologiques».
Cette évolution est aujourd’hui vue comme inévitable au vu de la plus grande contagiosité du variant Delta. Il remplacera ses prédécesseurs, notamment le variant Alpha, tout comme ce dernier l’a fait avec la forme classique du Covid-19. «Chaque pays va y passer, les uns après les autres, il faut faire avec», confie Yves Van Laethem avec fatalisme. Il est possible que le variant Delta voie son pourcentage de présence atteindre un plancher. Mais quoi qu’il arrive, il deviendra majoritaire, avec les conséquences épidémiologiques que cela entraîne.
Un avenir pas si inquiétant que cela?
Mais qu’est-ce qu'il faut craindre exactement? Le scénario russe avec une forte hausse des décès ou un scénario limité à une hausse modérée des infections mais pas vraiment des décès, comme au Royaume-Uni, en Israël et au Portugal? Pour le porte-parole interfédéral, c’est clairement le deuxième qui l’emporte et ce grâce au taux de vaccination belge, bien plus élevé qu’en Russie (15% de la population russe a reçu une première dose, contre 61,4% en Belgique), et qui aidera à combattre le virus.
«Les Russes ont inventé le Spoutnik mais cela n’a guère marché, d’où la colère de Poutine», fait-il remarquer. «Cela montre bien l’impact de la campagne de vaccination à partir du moment où cela se fait convenablement. On n’est donc pas dans la crainte par rapport au système de santé. Il y aura un impact négatif, avec des personnes qui iront à l’hôpital et même certaines qui décèderont. Mais on ne va pas avoir une quatrième vague clinique si on continue à avoir un bon taux de vaccination. En tout cas, je ne voudrais pas être dans les pays européens avec des mauvais taux de vaccination».
Pour autant, la Belgique a une faiblesse qui pourrait la pénaliser face au variant Delta. De nombreuses personnes avec comorbidités ont été vaccinées fin avril avec une première dose d’AstraZeneca. Et malheureusement, avec ce produit-là, il faut attendre longtemps pour que la deuxième injection soit administrée, c’est-à-dire généralement fin juillet dans le cas présent. Puisqu’il faut les deux doses pour être vraiment protégé du Covid-19, ces personnes resteront donc vulnérables encore un mois.
C’est pour cela qu’Yves Van Laethem imagine bien le comité de concertation (Codeco) de la mi-juillet freiner le plan de déconfinement. «Je ne pense pas que l’on risque de revenir en arrière mais il se pourrait que le Codeco ralentisse les assouplissements au vu de cette situation qui s’annonce», estime-t-il.
Une note positive pour terminer: la Belgique vaccine plutôt vite et son taux de vaccination est désormais équivalent à celui israélien (61,7%), voire de plus en plus proche de celui britannique (66,9%). Si notre pays continue sa progression en la matière, il pourrait ainsi être mieux préparé que les autres lorsque le variant Delta deviendra majoritaire. «C’est possible qu’on s’en sorte encore mieux. Les deux semaines que l’on a encore devant nous vont de toute évidence nous permettre au minimum de ne pas faire pire qu’eux», prévoit Yves Van Laethem.