Covid: le nouveau sous-variant du Delta est-il inquiétant?

De premiers éléments d’informations sont déjà disponibles pour se faire une idée sur sa dangerosité.

Covid: le nouveau sous-variant du Delta est-il inquiétant?
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Ce mardi, le gouvernement britannique a jeté un froid en annonçant la découverte d’un nouveau sous-variant issu du très contagieux Delta, aujourd’hui dominant. Les autorités d’outre-Manche disent «surveiller de très près» ce qui est pour l’instant qualifié de variant AY4.2. Un nom un peu barbare qui pourrait être remplacé prochainement par une lettre grecque, à l’instar des autres souches découvertes du coronavirus. Vu sa parenté avec le Delta qui a provoqué une reprise épidémique mi-2021 dans de nombreux pays, la question de sa dangerosité se pose. Ses caractéristiques ne sont pas totalement connues mais les premières informations parvenues à ce jour permettent aux virologues de se faire une petite idée de l’ampleur de la menace.

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La question de la vague britannique

Pour l’instant, ce variant AY4.2 n’existe pratiquement qu’au Royaume-Uni. Seuls trois cas ont été repérés aux États-Unis, un en Israël et quelques-uns au Danemark. Il y a encore débat sur sa hausse potentielle de contagiosité. Les toutes premières études, qui doivent encore être confirmées, font état d’une augmentation de 10-15% par rapport au variant Delta.

Il apparaît à un moment où le Royaume-Uni fait face à des niveaux de contaminations parmi les pires qu’il ait connu de toute la crise. Seule la vague de la première moitié de janvier dernier a été plus dure. AY4.2 pourrait-il en être responsable? Les experts en doutent sérieusement. La réponse est même négative selon François Balloux, épidémiologiste et directeur de l’Institut de génétique à l’University College de Londres. Il reconnaît auprès du Financial Times que ce variant est «la souche de coronavirus la plus contagieuse depuis le début de la pandémie», mais vu la faible fréquence d’AY4.2 à l’heure actuelle, il explique à l’AFP que même «une transmissibilité 10% supérieure n’aurait pu causer qu’un petit nombre de cas supplémentaires». De plus, son émergence ne constitue «pas d’une situation comparable à l’émergence des souches Alpha et Delta qui étaient beaucoup plus transmissibles (50% ou plus) que toutes les souches en circulation à l’époque».

Pas d’impact sur les décès a priori

Pour Marc Van Ranst, interrogé sur l’AY4.2 par Het Laatste Nieuws, «on ne sait pas encore ce que nous devons vraiment en penser» mais il ne s’étonne pas de voir un nouveau variant émerger. Globalement, c’est le variant le plus contagieux qui s’impose aux autres, même si les symptômes ne sont pas plus graves. Cela s’est vu lorsque la souche originelle du Covid-19 a d’abord été remplacée par le variant Alpha, puis par le Delta. Il serait logique que cela continue, et il n’y a aucun moyen d’y échapper.

Pour autant, le virologue flamand ne se montre par inquiet outre-mesure. Tant qu’une étude ne montre pas un variant capable de véritablement ruiner l’efficacité des vaccins, cela reste gérable. Des tests sont actuellement en cours pour vérifier qu’AY4.2 ne possède pas cette capacité. En tout cas, pour le moment, si les contaminations sont nombreuses au Royaume-Uni, le nombre de décès n’explose pas et reste aux alentours de 130 par jour dans le pays. C’est plus que les 10-20 quotidiens du printemps 2021 mais bien loin des 1.200 quotidiens de janvier dernier. Autrement dit, si AY4.2 il y a, cela ne se voit pas dans les chiffres des décès, du moins pour l’instant.

L’arrivée inévitable de nouveaux variants

L’arrivée de ce nouveau sous-variant n’est en tout cas pas une surprise. Elle était même jugée inévitable, tant les virus tendent naturellement à se perfectionner au fil du temps, surtout si les contaminations sont nombreuses. «D’ici quelques mois ou années, le Delta va complètement disparaître», déclarait même la semaine dernière à La Libre le virologue Steven Van Gucht. «Mais celui qui le remplacera ne sera pas forcément plus féroce car il va circuler dans une population qui sera largement immunisée et ce dernier devra donc modifier sa surface pour encore pouvoir provoquer des infections par le nez et la gorge».

Ce que Steven Van Gucht espère, c’est qu’une telle modification provoque à la fois une réponse immunitaire et cellulaire, ce qui devrait en atténuer les symptômes. «Je pense que l’on va graduellement évoluer vers des symptômes plus doux, avec certes dans gens très malades mais qui seront plus faibles en proportion. Il est même improbable qu’un nouveau variant donne des symptômes plus forts, notre mémoire immunitaire cellulaire peut nous protéger contre les symptômes plus forts», concluait-il.

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