Pourquoi ne faut-il pas (encore) s’inquiéter du variant Omicron?

Omicron, c’est le petit nouveau dans la famille des variants du Covid-19. A peine détecté, il se retrouve sous le feu des projecteurs sanitaires. Mais faut-il vraiment s’en inquiéter?

Des personnes portent un masque buccale dans la rue
© Belga Image

Dans quelles conditions a-t-il émergé?

Le premier cas positif à Omicron a été identifié ce mois-ci en Afrique du Sud. Un terrain propice à l’émergence de nouveaux variants. « Omicron provient d’une population dont la couverture vaccinale est faible et une population jeune dans laquelle il y a une prévalence du VIH sida, une maladie qui affaiblit l’immunité », explique Yves Coppieters, professeur de Santé publique à l’ULB. Mais l’épidémiologiste tempère: « Il ne représente que quelques centaines de cas donc on ne parle pas du tout d’une explosion à l’échelle de l’Afrique du Sud en général ».

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Face à l’inquiétude, il faut prendre des pincettes

Ce variant présente un nombre exceptionnellement important de mutations qui se concentrent sur la protéine de pointe ("spike"). C’est la clé d'entrée du virus dans l'organisme. Des mutations sur cette protéine peuvent donc changer la capacité du virus à infecter une cellule. Une donnée qui fait craindre que ce variant soit plus contagieux et résiste mieux aux vaccins que ses prédécesseurs. Le variant pose "un risque très élevé" au niveau mondial, estime l'Organisation mondiale de la santé. Mais elle tient à préciser que la contagiosité et la gravité réelles d’Omicron ne sont pas encore connues.

Tout reste donc très théorique. Sur Twitter, l'infectiologue canadien Isaac Bogoch garde la tête froide: « J'espère que nous pourrons aborder Omicron avec empirisme, prudence et humilité, au lieu des pures spéculations de ces derniers jours ».

« Il ne faut pas paniquer », selon Yves Coppieters. « Mais les autorités doivent prendre des mesures pour diminuer la pénétration de ce variant dans la population le temps d’en savoir plus sur sa contagiosité, sa virulence, sa vitalité et l’efficacité vaccinale. »

La gestion doit être mondiale

Jusqu'à présent, 33 personnes ont été testées positives au variant Omicron dans l'Union européenne, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies. Elles ont toutes transitées par l’Afrique récemment.

Mais trêve d’eurocentrisme. « Si nous, pays occidentaux, n’avons pas compris que la gestion doit se faire au niveau mondiale, nous aurons toujours des retours de boomerang », martèle Yves Coppieters. Ce n’est pas en combattant le virus chacun dans son coin que la pandémie disparaitra. Il faut notamment aider les pays en développement à élargir leur couverture vaccinale.

La troisième dose, toujours utile?

L’administration d’une troisième dose de vaccin contre le covid-19 se lance à grande échelle chez nous. Il est trop tôt pour savoir si elle protègera la population du nouveau variant. Cependant, cette dose de rappel reste pertinente. « Pour l’instant il ne faut surtout pas interrompre la stratégie de la troisième dose. Surtout pas. La troisième dose nous protège contre le variant Delta qui est le variant dominant actuellement », explique Yves Coppieters.

Les grands fabricants de vaccins (AstraZeneca, Pfizer/BioNTech, Moderna et Novavax) se préparent à la potentielle vague Omicron et se veulent rassurants: ils sont confiants dans leur capacité à combattre la nouvelle souche.

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