Omicron: le tout dernier variant inquiétant?

Avec un peu de chance, le Sars-CoV2 va évoluer comme le virus de la grippe et petit à petit devenir bénin pour les êtres humains.

Quel variant après Omicron ?
(@Belga Image)

La pandémie nous l’a montré: les virus évoluent. À chaque nouvelle mutation, le monde scientifique se demande si nos armes, les vaccins, resteront efficaces. Pour l’instant, c’est clair: oui, même si parfois un peu moins que face au coronavirus originel.

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Aujourd’hui, celui qui inquiète la planète est Omicron, qui, petit à petit, remplace Delta partout dans le monde. Après lui, il y en aura à nouveau d’autres. Mais il est possible qu’Omicron soit le dernier variant dont il faille s’inquiéter. Comme l’explique Ben Krishna, chercheur en immunologie à l’Université de Cambridge à The Conversation, ses successeurs pourraient être bien moins embêtants.

L’évolution a une fin

Tout d’abord, un virus ne peut pas s’améliorer indéfiniment. Par exemple, le Sras-CoV2 se lie à notre organisme grâce à ses protéines spike. Elles lui permettent de s’accrocher à nos récepteurs ACE2, qui se trouvent à la surface de nos cellules. Le virus s’y attache, entre dans nos cellules et se multiplie.

Si chaque variant a remplacé le précédent, c’est parce qu’à chaque fois ses protéines spike devenaient plus efficaces pour se lier à nos récepteurs ACE2. Mais à un moment, le coronavirus finira par développer des protéines spike optimales, les meilleures possibles pour s’attacher à nos récepteurs, et donc, ne pourra pas évoluer davantage à ce niveau.

À ce stade, la capacité de propagation du virus dépendra donc d’autres caractéristiques. Par exemple, la vitesse à laquelle le virus pénètre dans une cellule. Et à un moment donné, le virus aura développé toutes ses capacités de propagation chez les êtres humains au maximum.

Aujourd’hui, nous ne sommes pas encore à ce stade. Plusieurs études ont déjà identifié plusieurs mutations de la protéine spike qui permettraient au virus d’être beaucoup plus efficace et contagieux.

Mais peut-être qu’Omicron est la forme plus contagieuse du virus, « peut-être que l'omicron ne pourra pas s'améliorer car il est limité par la probabilité génétique », explique l’immunologue Ben Krishna. « De la même manière que les zèbres n'ont pas développé d'yeux à l'arrière de leur tête pour éviter les prédateurs, il est plausible que le SRAS-CoV-2 ne puisse pas obtenir les mutations nécessaires pour atteindre un maximum théorique, car ces mutations doivent se produire toutes en même temps, ce qui est trop improbable. »

Systèmes immunitaires efficaces

Il faut aussi comprendre comment notre corps se défend. Une fois qu’il est infecté par le virus, notre système immunitaire produit deux lignes de défense: des anticorps, qui se collent au virus et l’éliminent et des cellules T qui, elles, détruisent les cellules infectées.

Les anticorps sont spécialement adaptés pour s’accrocher au virus que le corps a déjà connu. Lorsqu’il mute pour mieux s’accrocher à nos cellules, par la même occasion, il se rend moins reconnaissable par les anticorps.

Par contre, d’après les études de Pfizer, les cellules T se comportent avec Omicron comme avec les variants précédents.

Résultat : le virus continue de circuler, plus qu’avant même, mais les gens sont moins malades et il y a moins de décès. On a déjà pu l’observer en Afrique du Sud, où le variant Omicron a un taux de mortalité plus faible parce que la population est globalement immunisée, grâce au vaccin, à une infection précédente, ou encore mieux, grâce aux deux.

Comme la grippe

Pour Ben Krishna, c’est le scénario le plus probable pour ce virus. Bien qu’il continue d’évoluer et se propage de mieux en mieux, le taux de décès lui reste stable.

Même s’il devient le meilleur virus possible pour intégrer le corps humain et se propager, il n’y a pas de raison que nos systèmes immunitaires n’en viennent pas à bout. Il continuerait donc d’évoluer, de se propager tandis qu’il n’y aurait que très peu malades, d’un Covid-19 très peu dangereux.

Et comme on l’imagine depuis le début de la pandémie, le Covid pourrait revenir tous les hivers, comme la grippe. D’ailleurs, le virus de la grippe ne s’améliore plus, mais mute encore. Et chaque année, si des gens tombent malades, ce n’est pas parce que le virus est devenu plus efficace, mais suffisamment différent pour piéger nos systèmes immunitaires.

Ce qui fait qu’Omicron ne sera probablement pas la dernière mutation du coronavirus, peut-être la dernière inquiétante pour nous. Avec de la chance, il fera comme celui de la grippe, continuera à muter lentement et provoquera une maladie bénigne, à laquelle la grande majorité du monde sera immunisée.

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