
Des règles d'isolement allégées dans plusieurs pays: quels risques?

Ces dernières semaines, plusieurs pays ont décidé d'alléger leurs règles d'isolement pour les personnes positives au Covid-19 et pour les « cas contacts ». En cause: le variant Omicron, particulièrement contagieux, et les nombreux arrêts maladie qui en découlent.
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Après les Etats-Unis, l'Espagne, l'Argentine, le Royaume-Uni, la Suisse ou encore le Portugal, les règles changeront aussi dès ce lundi 3 janvier en France. Le gouvernement français a annoncé ce dimanche que les personnes complètement vaccinées et positives au Covid-19 ne devront plus s'isoler que durant 7 jours. Et ce, peu importe le variant. La quarantaine pourra même être levée après 5 jours, à condition de présenter un test PCR ou antigénique négatif. Pour ceux qui ne disposent pas d'un schéma vaccinal complet, la quarantaine en cas de contamination reste de 10 jours. Et pourra être levée, « sous les mêmes conditions » après 7 jours.
Pour les cas-contacts aussi, les règles sont allégées. Les personnes complètement vaccinées ne devront plus observer de quarantaine. A condition de respecter strictement les gestes barrières et de « faire des tests réguliers ». Dans un entretien accordée au Journal du Dimanche, le ministre français de la Santé Olivier Véran a expliqué qu'un test PCR ou antigénique devrait être fait au Jour 0. « Soit le jour où vous apprenez que vous êtes cas contact ». Deux autotests, gratuits, devront ensuite être réalisées, à J+2 et J+4.
En revanche, les cas-contacts non-vaccinés, ou qui n'ont pas fait leur rappel dans les temps, devront observer une quarantaine de 7 jours.
Crainte d'une mise à l'arrêt
Le ministre français de la Santé a justifié cet allègement des règles d'isolement par l'importance d'« éviter la déstabilisation de la vie sociale et économique ». A l'instar des Etats-Unis, c'est effectivement une mise à l'arrêt du pays qui est redoutée en France avec Omicron. Nos voisins enregistrent plus de 200.000 nouveaux cas quotidiens depuis 4 jours consécutifs. Faisant craindre des taux d'absentéisme importants, avec le risque de paralyser, ou du moins perturber, des secteurs. Le 23 décembre dernier, le président du Conseil Scientifique français Jean-François Delfraissy disait craindre « une désorganisation de la société » face à ces nombreux arrêts maladies.
Bruno Mégarbane, chef du service de réanimation à l'hôpital Lariboisière de Paris, juge pour sa part que la France a, avec ces nouvelles règles d'isolement, suivi la « bonne stratégie ». Interrogé par nos confrères de France Info, il estime qu'en pratique, « c'est le réalisme qui prime ». Les multiples tests imposés aux cas-contacts permettraient, par ailleurs, de « minimiser au maximum la possibilité de transmission du virus ».
Aux Etats-Unis, des milliers de vols ont du être annulés pendant les fêtes à cause d'innombrables quarantaines au sein du personnel des compagnies. Pour limiter les arrêts maladies et éviter de possibles pénuries, l'administration Biden a décidé, le 27 décembre, de réduire la quarantaine de 10 à 5 jours pour les personnes positives, à condition qu'elles soient asymptomatiques.
« Un petit risque »
Mais quels risques alors d'une telle réduction de l'isolement? Selon le Centre américain de contrôle et de prévention, « 85 à 90% de la transmission du virus se produit dans les 5 premiers jours ».
Si le risque semble alors mesuré en regard des avantages économiques et sociaux, certains émettent malgré tout quelques réserves. Raywat Deonandan, épidémiologiste à l’université d’Ottawa, s'inquiète de ces changements, basés sur des moyennes statistiques. « Certaines personnes peuvent être infectieuses pendant 3 jours, d’autres pendant 12 jours ou plus », a expliqué le professeur, dont les propos sont rapportés par Radio Canada. Comme les Etats-Unis, plusieurs régions canadiennes ont décidé de réduire la quarantaine pour les personnes positives et vaccinées à 5 jours.
Il est rejoint par le porte-parole interfédéral Yves Van Laethem. Interrogé par nos confrères de La Libre le 28 décembre dernier, il estime qu'il s'agit « d'un petit risque, parce que certains pourront encore contaminer ». « Lorsqu'on prend dix jours, la sécurité est vraiment très importante », ajoute-t-il au micro de la RTBF. Le virologue nuance cependant que la situation est « admissible » face à un manque de travailleurs, comme c'est le cas aux Etats-Unis, au Royaume-Uni ou en France où le variant Omicron fait flambée les contaminations.
Interrogé par CBC, le cardiologue canadien et diplômé en épidémiologie Christopher Labos, appelait lui aussi à la prudence face à cet allègement de la quarantaine: « Je ne suis pas sûr que dans le contexte actuel, où le variant Omicron se propage très rapidement, ce soit vraiment le moment de raccourcir ces exigences ».
Et en Belgique?
La question ne semblait pas à l'ordre du jour chez nous à la fin du mois du décembre, alors que les nouveaux cas étaient encore en recul. « La réflexion pourrait avoir lieu au niveau du Risk Assessment Group si la nécessité s'en faisait sentir, par exemple au début de l'année prochaine », estimait Yves Van Laethem dans la Libre. Elle pourrait effectivement se poser alors que le variant Omicron est désormais majoritaire dans le royaume. Et que les contaminations sont reparties à la hausse depuis le 31 décembre.
Interrogé par nos confrères de la RTBF, l'épidémiologiste Yves Coppieters estime, pour sa part, qu'il serait « raisonnable » d'envisager de réduire la quarantaine à 5 ou 7 jours après une contamination. « Si, bien sûr, on a un test négatif et qu'on joue fortement le jeu des gestes barrières ».
Pour rappel, en Belgique en cas de test positif, vous devez respecter une quarantaine de dix jours minimum après l'apparition des symptômes. Après un cas contact avec une personne positive, vous devez vous mettre en quarantaine également. Si vous êtes vacciné, un test PCR doit être réalisé entre le 3e et le 6e jour après le contact. La quarantaine peut alors être levée en cas de résultat négatif.
Si vous n'êtes pas vacciné, un test PCR doit être effectué dès le début de la quarantaine. Celle-ci dure 7 jours minimum, même si le résultat du premier test est négatif. Un second doit ensuite être réalisé 7 jours après le contact à risque. La quarantaine peut être levée si ce dernier est négatif.