
Allergies: tout se joue avant 3 ans

Le professeur Casimir, pédiatre et directeur de la recherche à l’Hôpital des enfants Reine Fabiola à Bruxelles, constate que la génétique joue un rôle important. “Si un parent est atopique, 40 % de la fratrie risque d’être allergique. Si les deux parents sont atopiques, ce taux est de 70 %”, annonce-t-il. Certaines cartes sont donc déjà jouées avant la naissance. D’autres le sont pendant la grossesse. “Quand un enfant est in utero, il peut être capable de fabriquer des anticorps, de se sensibiliser contre des allergènes, car il boit le liquide amniotique. Ce liquide contient des fragments de protéines de l’alimentation de la mère ainsi que des fragments de protéines extérieures.”
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Georges Casimir distingue trois situations. Premièrement, un enfant peut naître sans anticorps de type allergique. Il est alors en pleine forme. Deuxièmement, un enfant peut venir au monde avec une sensibilisation, mais sans tomber malade en cas de contact avec le réactogène. Autrement dit: tous les individus qui ont des anticorps contre le pollen ne souffrent pas du rhume des foins. Troisièmement, un nouveau-né peut être à la fois sensibilisé et malade en cas de contact avec l’allergène.
Selon quels critères un enfant intègre-t-il le second groupe plutôt que le troisième? Le médecin énonce plusieurs facteurs. D’abord, la naissance. “Si l’accouchement se fait par voie basse, le bébé est colonisé en quelques heures par les bactéries de la filière génitale de la maman. On retrouve alors dans le tube digestif du bébé les mêmes germes que dans le tube digestif de la mère. Cela crée une pression bactérienne TH1. L’accouchement par voie naturelle est positif, car la réaction de type TH1 permet d’induire de la tolérance contre les allergènes.”

© Kanar
Ensuite, la place dans la fratrie est déterminante. Les aînés sont plus souvent sensibilisés que les cadets. Cela s’explique par le fait que les grands se penchent sur le berceau des petits et leur font profiter des bouillons de culture de l’école. Cela crée une autre pression bactérienne TH1. Enfin, il est possible de prémunir les bébés par l’allaitement dont l’effet immunomodulateur favorise l’immunotolérance. Une autre manière d’accentuer cette dernière est d’exposer les jeunes enfants à certains allergènes, “dans des quantités raisonnables”. Le Pr Casimir précise encore que l’exposition au tabac est dans ce cadre défavorable, car le tabagisme passif engendre une inflammation des muqueuses.
“Tout se joue donc dans les deux ou trois premières années de la vie”, conclut le médecin. Une fois cette période passée, il est nécessaire de passer par les traitements curatifs comme pour les adultes. Pratiquer l’éviction est également une solution y compris pour une sensibilisation au pollen. “Quand un enfant y est hyper-allergique, très souvent il sera mieux en vacances à la mer que dans les forêts ardennaises, il faut y penser.”