Variole du singe: faut-il envisager une vaccination des Belges?

Un 4e cas de variole du singe a été recensé en Belgique. Alors que des dizaines de cas ont été confirmés en Europe et en Amérique du Nord, faut-il envisager une vaccination de la population qui ne le serait pas encore?

Variole du singe: faut-il envisager une vaccination des Belges?
Illustration © Belga Image

Après deux ans de pandémie de Covid-19 et une sérieuse accalmie ces derniers mois, les autorités sanitaires de plusieurs pays d'Europe ont désormais les yeux tournés vers l'apparition de plusieurs cas de variole du singe sur leur territoire. Si l'OMS a insisté sur le risque "faible" pour la population générale, cette transmission en Europe, et en Amérique du Nord, reste toutefois peu anodine et étonnante aux yeux des experts. A ce-jour, le virus a été identifié dans au moins 12 pays où il n'est habituellement pas présent. L'OMS en compte officiellement 92 cas connus et 28 autres suspects.

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En Belgique, quatre cas de contamination ont été recensés jusqu'à présent. Ils seraient, selon le virologue Marc Van Ranst, liés au festival Darklands, qui s'est tenu à Anvers au début du mois. Pas de quoi s'alarmer outre-mesure pour autant. Invité sur le plateau de "C'est pas tous les jours dimanche", le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a estimé qu'il n'y avait, pour l'instant, pas de raison de s'inquiéter. "Mais il faut être vigilant. (...) S'il y a des gens qui ont des symptômes, il faut évidemment se rendre immédiatement aux urgences". Et pour cause, cette maladie, habituellement présente en Afrique de l'ouest et centrale, reste moins grave que le Covid-19. Et un vaccin existe déjà indirectement: celui contre la variole "traditionnelle". Selon l'Organisation mondiale mondiale de la Santé, plusieurs études ont démontré qu'il était efficace "à 85% pour prévenir la variole du singe". Une partie de la population a d'ailleurs déjà été vaccinée avant l'éradication officielle de la variole à l'échelle mondiale, le 8 mai 1980. En Belgique, ce vaccin était obligatoire jusqu'en 1976.

Alors que l'agence sanitaire de l'ONU dit s'attendre à observer d'autres cas dans les prochains jours, faut-il vacciner, par prévention, le reste de la population, qui n'aurait pas encore été vaccinée? "La balance avantages-désavantages de la vaccination ne nous fait pas dire, pour le moment, qu'il faut vacciner", répond le ministre. Et de préciser: "Nous avons un stock stratégique très important contre la variole traditionnelle". Il n'a toutefois pas voulu avancer de chiffres précis sur le nombre de doses disponibles. Le socialiste flamand a ajouté que des discussions étaient en cours, au niveau européen, pour un éventuel achat d'un vaccin spécifique à cette variole du singe. Quant à la possibilité de voir d'autres cas émerger dans notre royaume,  il juge "certain qu'il y en aura plus, mais pas une explosion".

Vacciner les contacts à haut risque? 

De manière générale, que disent les autorités sanitaires sur une éventuelle vaccination? Dans un communiqué datant du 19 mai, le Centre européen de contrôle et de prévention des maladies recommande, pour sa part, "d'envisager la vaccination des contacts proches à haut risque après une évaluation des risques et des avantages". A condition, bien sûr, que des vaccins contre la variole soient disponibles dans le pays.

Certains pays commencent d'ailleurs à envisager des premières vaccinations. Selon le quotidien El Pais, le ministère espagnol de la Santé aurait ainsi préparé la commande de milliers de doses. En Amérique du Nord, le Canada, aussi touché par une recrudescence de cas, n'exclurait pas de faire usage de son stock de vaccin.  Plus près de chez nous, la Haute autorité de Santé en France devrait, à en croire La Croix, se prononcer ce lundi 23 mai.

Et les experts? Pour le virologue Antoine Gessain, interrogé par France Info, la vaccination n'est pas justifiée pour le moment. Le responsable de l'unité d'épidémiologie de l'Institut Pasteur et spécialiste des zoonoses estime qu'au vu de la gravité de la maladie, "un des rares problèmes que cette épidémie pourrait éventuellement engendrer serait que le virus vienne à toucher des personnes immunodéprimées en grand nombre".

Yannick Simonin, spécialiste des virus émergents contactés par France Info, n'envisage pas non plus de schéma de vaccination massive pour cette maladie. Mais plutôt, à l'instar de l'ECDC, "une vaccination des cas contacts, c'est-à-dire de l'entourage d'un cas positif". Il rappelle d'ailleurs que la maladie "se transmet assez peu". Une vaccination plus générale pourrait, selon l'expert, intervenir "éventuellement si on remarque un changement du virus".

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