La santé mentale des enfants en berne: comment l’expliquer?

Les effets néfastes de la COVID-19 sur la santé mentale des enfants et des jeunes ne seraient que la « partie émergée de l’iceberg » dévoile l'UNICEF dans son dernier rapport La Situation des Enfants dans le Monde.

Santé mentale chez les jeunes
© Unsplash

Elle était l’invitée de Matin Première ce matin. Marie-Martine Schyns, ancienne ministre de l’enseignement en communauté française, s’est exprimée sur la situation des jeunes en Belgique. Si elle était principalement interrogée quant aux terribles inondations de juillet, la question de l’enseignement est vite arrivée. Avec des résultats au CEB les plus bas en 10 ans, l’inquiétude pour les enfants domine. Comment expliquer cela? Est-ce entièrement dû au COVID? «C’est très compliqué de juger sur un seul résultat. Parfois il y a aussi une question dans les calibrages des épreuves. Car l’an dernier les résultats étaient bien», explique-t-elle. «Mais je crois que globalement les enfants et les jeunes aujourd'hui se posent énormément de questions. Et ils se posent des questions sur le sens de l'école. Parfois ils ne sont pas bien dans ces lieux, et hors covid l'école ne répond pas à ce mal.»

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Il faut cependant nuancer ce propos, ce qu’elle fait « on ne peut pas non plus remettre tout sur le dos de l'école. Par contre, l'école peut aider en donnant du sens à ce qu'on fait, en donnant du sens à ce qu'on apprend, en créant un climat de bien-être. Je crois qu'il y a des enjeux aussi chez les jeunes en lien avec le harcèlement qui sont des enjeux très importants. »

C’est l’une des missions du Pacte d’Excellence, qui sera mis en place progressivement à la rentrée prochaine, en démarrant avec les premières primaires. Il faudra donc attendre plusieurs années avant que la situation puisse vraiment changer. « C’est pour cela qu’ il faut agir sur d'autres leviers et notamment je pense cet enjeu du bien être à l'école, la lutte contre le harcèlement, maintient la députée.  « Un soutien en en lien de la santé mentale des jeunes l'Unicef à sortir encore récemment un rapport qui montre qu'il faut agir davantage. »

Un rapport alarmant

Ce rapport dont Marie-Martine Schyns parle, il s’agit du rapport de La situation des enfants dans le monde 2021 ; Dans ma tête : Promouvoir, protéger et prendre en charge la santé mentale des enfants, qui constitue l’analyse la plus complète jamais menée par l’UNICEF sur la santé mentale des enfants, des adolescents et des personnes s’occupant d’enfants au XXIe siècle. Et il est loin d’être réjouissant.

Selon les estimations mondiales disponibles les plus récentes (UNICEF), plus d’un adolescent sur sept âgé de 10 à 19 ans vivrait avec un trouble mental diagnostiqué (16,3 % en Belgique). Près de 46 000 adolescents se suicident chaque année, ce qui en fait l’une des cinq principales causes de décès pour cette tranche d’âge. Et le Covid n’a pas aidé.

Les données disponibles les plus récentes de l’UNICEF indiquent qu’au moins un enfant sur sept dans le monde a été directement touché par des mesures de confinement et que plus de 1,6 milliard d’enfants ont vu leur éducation négativement affectée. La perturbation du quotidien, de l’éducation, des activités récréatives ainsi que les préoccupations liées aux revenus et à la santé de la famille ont généré chez de nombreux jeunes un sentiment de peur, de colère et d’inquiétude pour l’avenir.

« Les 18 mois qui viennent de s’écouler ont été très longs pour nous tous, mais surtout pour les enfants. En raison des confinements nationaux et des restrictions de déplacements liées à la pandémie, les enfants ont perdu un temps précieux, en passant des années loin de leur famille, de leurs amis et des salles de classe, sans pouvoir se consacrer à des activités extrascolaires. » explique Henrietta Fore, directrice générale de l’unicef.

«  Ils ont ainsi été privés de certains aspects pourtant essentiels de l’enfance. Les conséquences de la pandémie sont considérables, et il ne s’agit-là que de la partie émergée de l’iceberg. »

L’enquête On my Mind de Unicef

En parallèle à ce rapport, l’UNICEF a réalisé une enquête auprès de jeunes dans treize pays. Qu'il s'agisse d'enfants au Chili, de jeunes en Suède ou d'adolescents au Kenya, leur message est partout le même : leur bien-être mental est sous pression et il faut y prêter davantage d'attention.

Trois facteurs semblent jouer un rôle dans ce mal-être. Tout d’abord l’environnement dans lequel le jeune se trouve. Une forte pression liée aux performances scolaires, un manque de soutien, des abus et des négligences ou encore une insécurité financière, tout cela est générateur de stress.

Les défis du monde numérique sont également pointés du doigts. D'une part, ils leur permettent d'entrer facilement en contact avec d'autres personnes, mais d'autre part cela comporte des risques.

Et enfin, la violence, le harcèlement mais aussi des croyances profondément ancrées à propos de la performance de genre – les garçons doivent être durs et forts et les filles sont contraintes de répondre à des standards de beauté inatteignables - sont également à signaler.

Selon Henrietta Forte : « Les investissements consentis par les gouvernements pour répondre à ces besoins cruciaux de soins de la santé mentale sont trop faibles. Les liens entre la santé mentale et la qualité de vie à long terme ne sont pas suffisamment reconnus. »

Une question demeure cependant, si la situation que nous découvrons n’est que la partie émergée de l’iceberg, qui sait ce qui se cache encore dans les profondeurs ?

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