Les inégalités face aux maladies chroniques se sont creusées

Une analyse de Sciensano montre à quel point l'écart s'est creusé entre plus et moins aisés sur le plan des traitements de maladies chroniques.

Un stéthoscope
Un stéthoscope sur une illustration avec un homme ©BelgaImage

La qualité de vie de la population souffrant de maladies chroniques a diminué ces dernières années, en particulier pour les personnes jouissant d'un niveau de vie plus faible et pour les femmes, ressort-il vendredi d'une analyse de l'Institut de santé publique Sciensano.

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Une augmentation rapide et forte des inégalités

Pour cette analyse, l'institut a comparé les résultats des deux dernières «Enquêtes de santé belges» datant de 2013 et 2018, qui listent 38 maladies chroniques comme l'asthme, les maladies coronariennes, l'hypertension, un taux élevé de cholestérol, l'ostéoporose, les migraines, le diabète, les bronchites ou la fatigue chroniques, les problèmes de prostate, la dépression ou encore les problèmes de thyroïde. En 2018 comme en 2013, les pathologies dorsales, les arthropathies, suivies de l'hypertension et d'un taux élevé de cholestérol composaient le top 3 des maladies chroniques qui ont entraîné la plus grande perte d'années de vie en bonne santé. Les personnes qui ont un niveau socio-économique plus faible perdent systématiquement plus d'années de vie en bonne santé que celles bénéficiant d'un statut social plus élevé. Cet écart s'est d'ailleurs creusé au fil des cinq années séparant les deux enquêtes.

«En 2013, pour 100.000 personnes, plus de 50.000 années de vie en bonne santé ont été perdues en raison de maladies chroniques dans le groupe ayant la position sociale la plus basse. Dans le groupe occupant la plus haute position sociale, ce nombre n'atteignait pas 20.000», note Aline Scohy, chercheuse chez Sciensano. En 2018, davantage d'années de vie en bonne santé ont été perdues en raison de maladies chroniques et la différence entre les deux groupes est passée à 40.000 années perdues, dont une large majorité dans le groupe au statut social le plus bas, complète-t-elle. Or, 28% de l'impact des pathologies dorsales pourraient être évités s'il n'existait aucune inégalité sociale, d'après les chiffres de l'enquête de 2018. Ce nombre grimpe à 41% pour les arthropathies et il est de 32% pour l'hypertension et le cholestérol. Les AVC en particulier pourraient voir leurs conséquences drastiquement réduites (74%), tout comme les fractures de la hanche (60%).

Les femmes perdent en outre plus d'années de vie en bonne santé que les hommes. Ainsi, elles jouissaient de près de 5.500 bonnes années en moins en 2018 en raison de pathologies dorsales, contre quelque 4.500 pour les hommes. Même constat pour les arthropathies (4.332 années perdues pour les femmes, contre 2.983 pour les hommes) et pour l'hypertension et le cholestérol (4.286 contre 3.490).

Plusieurs facteurs influencent les maladies chroniques, tels qu'un environnement de vie et de travail moins sain, un accès plus limité aux soins de santé et un niveau moins élevé de littératie en santé (soit la capacité à trouver de l'information sur sa santé, à la comprendre, l'évaluer et prendre une décision avisée en la matière).

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