
Variole du singe: pourquoi l'épidémie tend-elle à s'arrêter?

C'est une des bonnes nouvelles du moment: le nombre de malades de la variole du singe (ou variole simienne) est en chute libre, et les chiffres parlent d'eux-mêmes. Lors du pic de juillet, l'OMS Europe recensait plus de 2.000 cas hebdomadaire. Désormais, ils ne sont plus qu'environ une centaine chaque semaine. En Belgique, c'est encore mieux puisque l'Institut de santé Sciensano ne recense plus de nouveau cas. Une régression qui réjouit autant qu'elle interroge sur ses raisons. Des facteurs qu'il s'agit maintenant d'identifier, avec pour objectif de mettre un terme à cette maladie, voire d'aider à mieux lutter contre d'autres.
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Trois facteurs dans la chute du nombre de cas
Selon les dernières données de l'OMS, plus de 75.000 personnes ont été contaminées dans 109 pays, dont 86,5% viennent d'Europe et d'Amérique. 97,1% d'entre elles étaient des hommes. Puisque les relations sexuelles constituent un des modes principaux de transmission (au même titre que tous les contacts physiques étroits), l'orientation sexuelle a parfois été recensée, plus précisément pour un petit tiers des cas totaux. Il s'avère ainsi que parmi eux, 87,9% s'identifiaient comme homosexuelles, bisexuelles ou comme des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Pour Erik Volz, spécialiste de la modélisation des maladies infectieuses à l’Imperial College de Londres, «trois éléments ont joué un rôle dans le déclin» de l'épidémie de la variole du singe: «les vaccins, les changements de comportement au sein du groupe le plus touché – les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes – et l’immunité acquise après une infection naturelle», explique-t-il au magazine Science.
Il faut dire que l'efficacité du vaccin pour éviter la maladie est considérable, à hauteur de 85% selon l'OMS. Le changement de comportement semble lui aussi avoir joué un rôle majeur. C'est en tout cas ce que semblent indiquer les constatations de l’Agence de sécurité sanitaire du Royaume-Uni. Cette dernière a en effet remarqué que dernièrement, plusieurs maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis ont régressé. Cela ne constitue pas une preuve irréfutable mais un sérieux indice de corrélation. Enfin, Science a une préférence pour la troisième hypothèse, en affirmant que «l’immunité acquise par le biais d’infections chez les hommes les plus sexuellement actifs pourrait être le facteur le plus important».
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La part de tel ou tel facteur dans la décroissance de l'épidémie est donc encore sujet à débat. Mais quoi qu'il en soit, cela suscite l'engouement de la communauté scientifique, au point d'espérer mettre un terme à cette maladie. Une tâche toutefois difficile. Une modélisation de l'OMS Europe menée au Royaume-Uni montre que si la vaccination continue, cela pourrait empêcher la variole du singe de refaire des percées, mais pas d'éviter tous les cas.
Une meilleure compréhension des causes de ce reflux pourrait néanmoins aider à combattre la maladie dans les pays où elle est née, en Afrique. Là-bas, le problème est d'autant plus important qu'il existe deux variants: celui d'Afrique de l'Ouest (renommé clade II), qui s'est répandu dans le monde entier, et celui d'Afrique centrale (clade I), qui a un taux de létalité de 10% (contre à peine 1% pour l'autre) selon un article de la revue New Scientist.
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Aujourd'hui, l'OMS appelle à retenir les leçons de cette histoire pour mieux combattre les épidémies. Elle cite notamment l'importance de la vaccination (qui a également fait ses preuves contre le Covid-19) et la réalisation d'enquêtes épidémiologiques pour repérer et isoler les cas.