Un acide gras spécifique responsable des métastases du cancer du sein

Une nouvelle étude, publiée à l'occasion de la journée mondiale contre le cancer, dévoile le rôle d'un acide gras dans le cancer du sein.

Mammographie
Mammographie pour détecter un cancer du sein ©BelgaImage

Un certain acide gras, le palmitate, joue un rôle important dans le développement de métastases chez une patiente atteinte d'un cancer du sein. C'est la conclusion d'une nouvelle recherche dévoilée ce vendredi par la VIB-KU Leuven. Le palmitate peut déclencher une série de signaux dans les cellules cancéreuses qui permettent aux cellules de se développer en métastases.

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Un taux de survie qui chute drastiquement avec les métastases

Près d'une femme sur neuf recevra un diagnostic de cancer du sein au cours de sa vie. Cela en fait la forme de cancer la plus courante chez les femmes. Lorsqu'il est diagnostiqué tôt, le cancer du sein est généralement guérissable. Cependant, une fois qu'une tumeur s'est propagée et que les cellules cancéreuses se sont propagées dans tout le corps pour former des tumeurs dans d'autres organes, le taux de survie chute à moins de 30 %.

Un facteur de risque important pour la formation de telles métastases est l'obésité. Or l'obésité peut être le résultat d'une alimentation trop grasse. Cependant, jusqu'à présent, on ignorait quel rôle jouent les graisses dans le processus nocif des métastases. Les thérapies actuelles ne sont donc généralement pas adaptées aux patientes atteintes d'un cancer du sein en surpoids.

Un mécanisme décodé

Un groupe de recherche dirigé par la professeur Sarah-Maria Fendt (VIB-KU Leuven Center for Cancer Biology) vient de révéler le rôle d'un acide gras spécifique, le palmitate. Ce dernier se trouve dans l'huile de graines (notamment celle de palme, d'où son nom), la viande, le lait et les aliments ultra-transformés. Les chercheurs ont découvert que les cellules cancéreuses du sein sécrètent des molécules qui augmentent la concentration de palmitate dans les poumons. Les cellules cancéreuses qui atteignent ensuite les poumons utilisent ce palmitate pour favoriser la métastase.

"Nous savions déjà que le palmitate était un nutriment important pour les cellules cancéreuses", explique le docteur Patricia Altea-Manzano, qui a participé à l'étude. "Mais maintenant, nous avons découvert que les cellules cancéreuses qui se propagent dans l'organe où se produit la métastase peuvent décomposer le palmitate en molécules encore plus petites. De plus, le palmitate active une enzyme dans ces cellules cancéreuses qui attache ces molécules plus petites à certaines protéines. Ces protéines sont connues pour favoriser la capacité des cellules cancéreuses à se développer éventuellement en métastases".

La clé pour bloquer la formation de métastases ?

C'est cette réaction en chaîne, qui commence par l'interaction entre le palmitate et des protéines spécifiques, qui permet aux cellules cancéreuses de se propager à des organes distants. Les chercheurs ont également essayé de faire le contraire : ils ont cherché à savoir si le blocage de la dégradation du palmitate pouvait arrêter la formation de métastases. Une hypothèse testée avec succès : en bloquant la dégradation du palmitate dans les cellules cancéreuses, l'augmentation des métastases causée par un régime riche en graisses a été complètement inversée.

Des recherches supplémentaires sur les liens entre le palmitate et les protéines, et sur la dégradation du palmitate, sont nécessaires. "À long terme, nous espérons développer une stratégie thérapeutique contre les métastases adaptée au traitement des patients en surpoids", précise le professeur Sarah-Maria Fendt. "Ceci est très pertinent car environ 50% des patientes atteintes d'un cancer du sein sont en surpoids et les thérapies adaptées à ces patientes font toujours défaut". L'étude est publiée dans la revue scientifique Nature Cancer.

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