Comment rendre les soins dentaires plus accessibles ?

Un Belge sur deux doit renoncer à se rendre régulièrement chez le dentiste.

Comment rendre les soins dentaires plus accessibles ?
Pour Médecins du monde, la part du ticket modérateur reste trop élevée chez nous @BELGAIMAGE

«Vous ne pouvez pas payer le dentiste ? Alors pensez à Dented, la seconde main, mais pour les dents». Médecins du Monde a lancé une campagne «absurde» pour améliorer l’accès aux soins dentaires en Belgique. L’ONG a diffusé lundi une vidéo promotionnelle vantant les mérites d’une société fictive «Dented», qui revend des prothèses dentaires de seconde main.

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L’objectif ? Attirer l’attention sur la difficulté d’accès aux soins dentaires. Selon les chiffres du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) et de l’Institut national d’assurance maladie invalidité informe (Inami), seul un Belge sur deux (54%) se rend une fois par an chez le dentiste (comme recommandé). La question économique joue ici un rôle important : aucun autre type de soins ne serait autant reporté pour raisons financières.

Pour Médecins du monde, la part du ticket modérateur (la part de la facture qui reste à charge du patient après intervention de la mutuelle) reste trop élevée chez nous. Les Belges disposant d’une mutuelle doivent financer eux-mêmes à 57% les honoraires du dentiste, «contre seulement 20% à 25% aux Pays-Bas ou en Allemagne», selon l’organisation.

Des soins insuffisamment pris en charge

Des soins pourtant essentiels et certaines techniques ou matériaux sont insuffisamment pris en charge par l’assurance-maladie, pointe l'organisation. «Le placement de couronnes est entièrement à la charge du patient ou de la patiente, car considéré comme un choix esthétique, explique dans un communiqué Suleiman Juneidi, dentiste bénévole chez Médecins du Monde.

Quant aux prothèses amovibles (dentiers), elles sont certes partiellement remboursées après 50 ans. Mais qui opte encore pour cette solution alors que les couronnes constituent une bien meilleure alternative ? Quant aux coûts d’un appareil dentaire, cela peut aller jusqu’à 5.000 euros, le remboursement de la mutuelle étant d’environ 500 euros». L’ONG réclame dès lors un meilleur remboursement des soins dentaires et de ces techniques.

 

 

Autre frein à l’accessibilité des soins dentaires : le manque de dentistes conventionnés en Belgique. «Seulement 60 % des dentistes belges pratiquent des honoraires plafonnés. Il est donc de plus en plus difficile de trouver un.e dentiste dispensant ses soins dentaires à un prix abordable, ce qui ne fait qu’aggraver le phénomène de report de soins observé chez les groupes vulnérables.  Il est donc urgent de concevoir une politique qui encourage les dentistes à se conventionner».

Budgets "étriqués"

Pour rappel, le «conventionnement» lie les dentistes et les organismes assureurs (les mutuelles) par un accord «dento-mutualiste» qui fixe des plafonds aux tarifs des honoraires. L’adhésion des dentistes à ce conventionnement est loin d’être acquis, dans la mesure où ceux-ci doivent pouvoir rentabiliser différents investissements financiers (ouverture d’un cabinet privé, machines couteuses, etc.).

 

 

«On demande une réforme du système de convention depuis 5 ou 6 ans car le système est sous pression, expliquait dans la DH  Michel Devriese, président de la Société de Médecine dentaire. En Belgique, le patient dispose de 95 euros de budget d’ayant droit par an et par habitant, d’après l’INAMI. C’est un budget étriqué sachant qu’avec ça, il faut faire des prothèses, des soins de carie, des détartrages, etc. 5 (…) Cela a pour conséquence un rejet de la convention, c’est une attitude irresponsable. D’après nous, il faut éviter tout système binaire, sinon cela va entraîner une médecine de riche et une médecine pour les pauvres, ce que nous voulons éviter», ajoutait-t-il.

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