
Qu'est-ce que la xylazine, cette "drogue du zombie" qui fait des ravages aux Etats-Unis ?
Pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, une drogue a été désignée comme "menace émergente". Il s'agit de la xylazine, utilisée à l'origine comme sédatif et anti-douleur par les vétérinaires. Détourné à des fins récréatives, ce tranquillisant se répand comme un fléau mortel de l'autre côté de l'Atlantique. Entre 2020 et 2021, sa consommation a quasiment bondi de 200% dans le sud du pays, , et plus de 100 % dans l’Ouest. "La xyzaline constitue la menace médicamenteuse la plus meurtrière à laquelle notre pays n’ait jamais été confronté", a indiqué la DEA (brigade des stupéfiants) sur son site.
Bon marché et addictive
Son triste succès s’explique par son haut potentiel addictif et son coût dérisoire : moins de 6 euros le kilo en ligne. Décrite comme étant 50 fois plus puissante que l’héroïne et 100 fois plus que la morphine, cette drogue entraîne une baisse de la pression artérielle, de la respiration et du rythme cardiaque. Elle est aussi appelée la "tranq drug" ("drogue tranquille", en français) ou "drogue du zombie" en raison de son effet sédatif mais aussi, et surtout, des plaies béantes et douloureuses qu'elle provoque sur la peau. Des plaies qui peuvent conduire à une amputation.
La xylazine est souvent combinée avec d’autres drogues, comme le fentanyl, l’héroïne, la méthamphétamine ou encore la cocaïne. Ce qui "augmente considérablement le risque d'overdoses mortelles", explique le Dr Shovita Padhi à CBC News. Ce phénomène est d'autant plus inquiétant qu'il n'existe, à ce jour, pas d'antidote en cas de surdosage. À Philadelphie, la ville la plus touchée, cette dangereuse substance serait d'ailleurs déjà responsable d'un tiers des décès par overdose.
La désignation en tant que "menace émergente" doit permettre aux autorités américaines d’utiliser des fonds pour lutter l'épidémie de xylazine, alors que le pays peine déjà à combattre le fléau des opioïdes. "Nous avons besoin du soutien du Congrès", a plaidé Dr Rahul Gupta, directeur du bureau chargé de la lutte contre les drogues à la Maison Blanche, afin de ne pas avoir à rediriger de l’argent dédié à d’autres causes. "Il ne s’agit pas d’un problème concernant les Etats" démocrates ou républicains, "c’est le problème de l’Amérique", a-t-il martelé.