
Des conditions propices pour les tiques en 2023 ? Tout ce qu’il faut savoir sur ces parasites

En 2022, moitié moins de morsures ont été notifiées en Belgique, par rapport à l’année précédente. Selon Sciensano, cela s’expliquait notamment par «l’extrême sécheresse du printemps et de l’été cette année-là, sécheresse à laquelle les tiques sont très sensibles». Il semble que pour 2023, le contexte météorologique soit plus favorable à une offensive massive de ces acariens de 2 à 5 mm, potentiellement vecteurs de maladies.
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Ces vampires microscopiques- les tiques se nourrissent du sang des animaux ou des infortunés humains qui croisent leur chemin- raffolent en effet de conditions climatiques tempérées, avec des pluies régulières. Quant à la douceur que nous avons connu cet hiver (le deuxième le plus chaud jamais enregistré en Europe, selon Copernicus), si elle n’influence pas leur prolifération en tant que telle, elle favorise tout de même la dispersion des tiques.
«On a alors plus de risque d'en rencontrer et de se faire mordre», expliquait à Belga Philippe Wegnez, de l'association de protection de la nature Natagora. Et ce, d’autant plus entre mars et octobre (avec un pic au mois de juin, selon Sciensano).
Comment éviter les morsures de tiques ?
Comme le rappelle l’agence wallonne pour une vie de qualité (AViQ), la meilleure prévention pour éviter une morsure de tique consiste à se protéger contre une exposition éventuelle. Elle met en avant ces conseils de bon sens :
- restez sur les sentiers battus en forêt
- évitez le contact avec les herbes hautes et les feuilles mortes
- portez des vêtements qui couvrent les jambes, les bras, le cou et qui sont serrés aux extrémités (en mettant le pantalon dans les chaussettes ou les chaussures)
- utilisez éventuellement des répulsifs
Le DEET est le répulsif le plus utilisé pour éloigner les tiques. Il présente l’inconvénient d’altérer certains tissus synthétiques et matières plastiques. On lui connaît peu d’effets secondaires, qui sont d’ordre cutané. Selon The Conversation, il est conseillé de l’utiliser sur des surfaces du corps restreintes, en quantité modérée.
À noter que contrairement aux idées reçues, les tiques ne se limitent pas à tendre des embuscades uniquement dans les bois. Les jardins sont aussi des terrains de chasse dont elles raffolent ; c’est là que près de la moitié des morsures aurait même lieu.
- Après une potentielle exposition aux tiques, prendre une douche peut être l’occasion de repérer et d’enlever une tique.
- Sciensano conseille de rechercher en particulier dans les plis (aines, aisselles, derrière les oreilles, ceinture, etc.) et sur le cuir chevelu.
- Examinez aussi soigneusement les animaux qui vous ont suivi en forêt, les vêtements, les sacs, etc.
Que faire en cas de morsure ?
En cas de morsure, il est important d'enlever la tique le plus rapidement possible, indique Sciensano. Quelques modèles de pince sont disponibles en pharmacie, mais une pince pointue ordinaire est également efficace.
- N’endormez pas la tique avec de l’éther, de l’alcool ou un antiseptique ; cela risquerait de provoquer une régurgitation de la tique dans la plaie et d’accroître la transmission bactérienne.
- Enlevez la tique en veillant à ne pas l’écraser (risque de régurgitation), et en saisissant la tête de la tique, au plus près de la peau.
- Tirer lentement, en une seule fois, sans mouvements de rotation, précise le centre anti-poisons.
- Désinfectez ensuite la plaie et la pince avec un antiseptique et lavez-vous les mains.
- En cas de doute, vérifiez avec votre médecin traitant si la tique a été complètement enlevée
Ensuite, il est important de se rappeler de la date à laquelle vous avez été mordu. Notez-la, vous pourrez ainsi informer votre médecin si des symptômes apparaissent.
Soyez aussi attentifs à l'apparition de symptômes: fièvre, maux de têtes, douleurs articulaires, etc
Toutes les tiques ne transmettent pas la maladie de Lyme
Depuis 2017, Sciensano étudie la présence de pathogènes dans les tiques ayant mordu une personne. Selon les résultats collectés par Sciensano :
- En moyenne, 10 % des tiques étaient infectées par la bactérie Borrelia burgdorferi s.l., qui peut entraîner la maladie de Lyme ou borréliose. Une tique infectée ne transmet pas nécessairement la bactérie. En 2017, 14 % des tiques étaient infectées par la bactérie. Difficile encore de parler avec certitude d’une baisse, parce qu’il peut s’agir de différences annuelles, notamment dues aux conditions météorologiques.
- Des tiques infectées par la bactérie Borrelia venaient à nouveau de toutes les provinces, ce qui signifie donc que l’on peut attraper la borréliose de Lyme partout en Belgique.
- D’autres pathogènes étudiés, pouvant être transmis par des tiques, ont été détectés dans 1,5 % à 4,7 % des tiques, sauf la bactérie Rickettsia helvetica (dont le pouvoir pathogène est encore peu clair), qui était présente dans 13 % des tiques.
Conclusion: si toutes les tiques ne sont pas infectées par la maladie de Lyme et si celles qui le sont ne la transmettent pas toutes, les tiques peuvent être toutefois porteuses d’autres maladies. «Ces résultats confirment une nouvelle fois que les tiques qui mordent des humains peuvent être porteuses de pathogènes autres que la bactérie Borrelia et que les médecins doivent donc rester attentifs à des symptômes ou plaintes éventuels après une morsure de tique, autres que la rougeur typique présente dans la borréliose de Lyme», ajoutait l’épidémiologiste de Sciensano, Tinne Lernout.
En Europe, d'autres maladies plus rares peuvent également survenir, comme l’anaplasmose, la “Relapsing Fever” (fièvre récurrente), la tularémie, l'encéphalite à tiques, la babésiose, et la rickettsiose. Le risque de contamination reste faible si la tique est enlevée dans les 24 heures.
Signalez votre morsure
Sciensano invite toute personne ayant eu une morsure de tique à le signaler via le site web www.TiquesNet.be. Pour l’institut de santé publique, les «citoyens-scientifiques» peuvent vraiment faire la différence.
«Les notifications nous permettent de bien suivre l’exposition de la population belge aux morsures de tiques dans le temps et l’espace et d’avoir une meilleure idée des facteurs favorisant les morsures de tiques chez l’homme en Belgique. Ces connaissances permettent d’entreprendre des actions plus ciblées en matière de prévention des morsures de tiques et des maladies qui peuvent en résulter».