
Quelles solutions existent pour lutter contre les ronflements et l'apnée du sommeil?

Sous leurs airs anodins, les ronflements représentent en réalité un véritable enjeu de santé publique. En Belgique, ils concernent de 20 à 30% des adultes. Non seulement ils perturbent le conjoint (le son pouvant monter jusqu'à 100 décibels!) mais ils représentent aussi un problème pour la personne concernée. Environ 7% des ronfleurs ont des troubles du sommeil et de 2 à 4% de la population développe même des apnées du sommeil. Arrive alors l'éternelle question: comment y remédier? Les progrès de la science donnent toujours plus d'éléments pour tendre vers cet objectif, mais il existe également de nombreuses attrapes, avec des produits fallacieux qui bernent facilement les consommateurs non avertis.
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Des premières solutions de base
Contrairement à ce que dit l'idée reçue, le ronflement n'est pas dû au nez bouché, ou du moins c'est assez rarement le cas. Comme l'explique la Clinique du Ronflement du CHU Brugmann, cette vibration des tissus mous lors de l'écoulement de l'air dans les voies respiratoires peut être lié à de multiples causes. Outre l'obstruction nasale (due à une maladie ou une allergie), on peut citer entre autres une anatomie des voies aériennes supérieures ou le surpoids. La consommation d'alcool peut également aggraver le phénomène, celle-ci encourageant le relâchement des muscles qui provoque ce basculement de la langue vers l'arrière, d'où le ronflement. Ajoutons à cette liste le tabagisme ou encore la prise de médicaments.
Le premier réflexe à avoir, ce serait donc de remédier directement à ces causes. Cela peut être fait en arrêtant de fumer et de boire de l'alcool, en perdant du poids, en évitant les éléments allergènes ou encore en limitant l'utilisation de médicaments sédatifs lorsque cela est possible.
Quand les médecins doivent intervenir
Ces pistes peuvent permettre de faire disparaître les ronflements, mais pas chez tout le monde. Une consultation médicale peut alors être utile, que ce soit auprès d'un service ORL, de pneumologie ou auprès d'un laboratoire du sommeil. La multiplicité des causes peuvent également impliquer l'intervention de médecins spécialisés en diététique, stomatologie, immuno-allergologie ou en kinésithérapie. S'en suivent des examens (ORL, polysomnographie, "sleep endoscopy", etc.) afin d'identifier les véritables causes concernant tel ou tel individu.
Il peut s'avérer alors possible qu'un traitement chirurgical soit nécessaire pour régler le problème. Le plus souvent, c'est la radiofréquence qui est utilisée, cette technique ayant pour principal avantage d'être moins invasive et douloureuse. Elle "consiste à introduire une sonde munie d'une très fine aiguille à différents endroits du voile du palais, de la langue et du nez, et à y faire passer un faible courant électrique qui rétracte et réduit le volume des tissus ce qui diminue efficacement et durablement les ronflements", explique le CHU Brugmann. Son efficacité "est efficace dans 80% des cas chez les ronfleurs (élimination de plus de 50% des ronflements) et dans 50% des cas d'apnées".
Comme l'explique à la presse canadienne Chantal Lafond, pneumologue à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, il existe également des orthèses pour certains ronfleurs. Ceux-ci "ressemblent au protecteur buccal d’un joueur de hockey et sont parfois nécessaires pour dégager la gorge".
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Contre l'apnée du sommeil, le CPAP et un potentiel nouveau médicament
Pour les cas d'apnée du sommeil, c'est une autre technique qui est utilisée: la pression positive continue ou CPAP (selon l'acronyme anglais "Continuous Positive Airway Pressure"). Il s'agit de placer un appareil sur le nez qui fait pression pour éviter que les voies aériennes supérieures ne s'écrasent, ce qui provoque l'apnée. "Ce traitement très efficace mais contraignant est parfois aussi utilisé en cas d'apnées peu sévères, voire chez le ronfleur non apnéique", précise le Pr André Noseda, pneumologue spécialisé dans le traitement des apnées du sommeil.
En plus de ces solutions, les scientifiques travaillent à la création de traitements pouvant aider les personnes concernées. Dernièrement, des chercheurs de l’université d’Auckland en Nouvelle-Zélande ont par exemple mis au point un nouveau médicament basée sur la molécule AF-130. Si elle est de base utilisée contre l'insuffisance cardiaque, elle pourrait s'avérer également utile contre l'apnée du sommeil, comme ils le prouvent dans une étude publiée fin mars 2023 dans Nature Communications. Plus concrètement, elle agit sur des récepteurs connus sous le nom de P2X3, ce qui permet de normaliser le réponse respiratoire du corps à un manque d’oxygène et l'apport en flux sanguin, d'où l'élimination des arrêts respiratoires.
Attention aux faux produits!
En parallèle, il faut particulièrement faire attention aux 1001 attrapes de produits commerciaux dont l'efficacité sur les ronflements n'est pas réellement prouvée. C'est ce qu'a par exemple démontré Test-Achats en 2019 avec un spray pour la gorge, Snoreeze. Après avoir demandé des preuves scientifiques au fabricant, il s'est avéré que l'effet est similaire à celui d'un placebo. Pire; il n'est pas impossible que l'utilisation de ce type de produit provoque des affections pulmonaires. Cela a par exemple été le cas avec le spray anti-ronflement Sleepzz, qui contient des composants huileux potentiellement nocifs.
En France, l'UFC-Que choisir a de son côté déclaré en 2019 qu'aucun dispositif disponible en automédication n'était réellement efficace. L'association a également dénoncé des arnaques parfois très relayées sur les réseaux sociaux. Parmi les produits visés, on trouve le prétendu médicament anti-ronflement SilentSnore (qui cite des études d'Harvard qui n'existent pas).