
La bonne nouvelle du jour : la perspective d'un vaccin contre l'asthme se précise

Des chercheurs français ont récemment annoncé avoir franchi une étape dans le développement d’un vaccin contre l’asthme allergique sévère. Après plusieurs années de recherche, des scientifiques de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) de Toulouse, de l’Institut Pasteur et de l’entreprise française Neovacs ont réussi à bloquer, grâce à un vaccin, le déclenchement de crises d’asthme chez des souris allergiques aux acariens.
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Leur étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Allergy, a été menée sur des souris humanisées, c’est-à-dire modifiées pour produire un certain type de gènes humains.
Pour comprendre la portée de leur découverte, il faut d’abord rappeler le mécanisme physiologique qui déclenche l’asthme. S'il existe de nombreuses formes de la maladie, la plupart des cas relèvent de l'allergie et sont souvent provoqués par les acariens, le pollen, certaines formes de moisissure ou encore la pollution de l'air.
Les personnes atteintes réagissent à l’allergène, habituellement inoffensif pour l’organisme en surproduisant des anticorps et d’autres protéines immunitaires pour les contrer. Ce qui entraîne une inflammation pulmonaire, une production anormale de mucus et une hyperactivité bronchique.
Des anticorps monoclonaux très chers
Résultant de l'association d'une prédisposition génétique et de facteurs environnementaux, l’asthme ne se guérit pas pour l’instant. La maladie peut le plus souvent être contrôlée avec un traitement par inhalation de bronchodilatateurs (comme la Ventoline) et des corticostéroïdes.
Dans les cas plus sévères, il est nécessaire d’administrer des anticorps monoclonaux, qui s’attaquent aux protéines ou aux anticorps que les personnes allergiques produisent en quantité trop importante. Efficaces, ils nécessitent toutefois des injections régulières et très onéreuses (plus de 1.000 euros la dose mensuelle). L’intérêt du vaccin testé par l’équipe de chercheurs français est qu’il reproduit l’action de ces anticorps monoclonaux, en poussant le corps à fabriquer lui-même ces soldats immunitaires.
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«Cette étude apporte une preuve de concept de l’efficacité du vaccin pour neutraliser des protéines humaines jouant un rôle clé dans l’asthme allergique, a réagi Laurent Reber, directeur de la recherche pour l’Inserm. Nous ouvrons ainsi un peu plus la voie à l’organisation d’essais cliniques. Nous sommes actuellement en train de discuter avec tous les partenaires du projet pour mettre en place ces études chez l’humain».
340 millions de personnes touchées dans le monde
La commercialisation d’un vaccin contre l’asthme n’est donc pas encore pour tout de suite. Pour les chercheurs, cette avancée ouvre des perspectives au-delà de l’asthme, le vaccin testé utilisant des molécules impliquées dans différentes allergies.
«Une vaccination contre l’asthme allergique représente un espoir de traitement à long terme de cette maladie chronique, et au-delà, une perspective de réduction des symptômes d’allergie liés à d’autres facteurs, puisque ce vaccin cible des molécules impliquées dans différentes allergies», soulignait Pierre Bruhns, responsable de l’unité Anticorps en thérapie et pathologie à l’Institut Pasteur.
Selon l’Inserm, l’asthme est une maladie chronique qui touche 340 millions de personnes dans le monde. Chez nous, la Société belge de pneumologie chiffre à près de 10 % des adultes de 18 à 44 ans souffrant de la maladie. Parmi eux, 5 % seraient atteints d’asthme sévère.