
Se masturber pour prévenir (efficacement) les IST ? C'est la science qui le dit

La masturbation est une pratique rarement vue avec bienveillance dans nos sociétés. Longtemps jugée déviante, l’acte est longtemps resté un tabou. D’autant plus qu’il est difficile d’entrevoir le rôle pourtant clé que la masturbation peut jouer dans la survie de l’espèce.
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"En termes d'évolution, la masturbation est une énigme car, par définition, elle exclut les partenaires reproducteurs et il est difficile d'imaginer un scénario dans lequel la masturbation pourrait contribuer à la survie. Nombreux sont ceux qui la considèrent comme un comportement anormal et déviant, ou comme un sous-produit de l'excitation sexuelle. En outre, la masturbation peut être coûteuse en termes de temps et d'énergie." confie Matilda Brindle.
Mais «ceux qui condamnent la masturbation comme étant une déviance devraient jeter un œil à nos cousins primates», affirme celle qui présente dans The Conversation les résultats de sa thèse. Anthropologue de formation, la chercheuse s’est penchée sur les comportements sexuels de nos cousins primates.
Ses recherches mettent principalement deux éléments en évidence : le premier tient de la fertilité des primates mâles chez qui, la masturbation favoriserait la reproduction. Le second tient de la santé sexuelle, où la pratique du plaisir en solution réduirait les risques d’IST. Mais comment expliquer cela ?
Se masturber pour accroitre sa fertilité ?
Forte de ses recherches dans la littérature scientifique ainsi que des nombreuses observations réalisées par ses collègues travaillant auprès des primates qui, mâles comme femelles, se masturbent régulièrement, Mathilde Brindle parvient à le clamer haut et fort : « La masturbation favorise la fertilité ».
En effet, chez les primates, la période de rut peut souvent être violente et difficile pour les plus petits individus de l’espèce. Ainsi ces derniers recourraient à la masturbation en amont du rapport afin de parvenir à une éjaculation plus rapide afin d’éviter que la copulation soit interrompue par d’autres individus mâles plus costauds.
Mais ce n’est pas tout ! L’onanisme et l’éjaculation qui s’en suit permettrait au sperme de se renouveler plus rapidement et d’être par le fait, plus fertile ! De plus, la miction contribue à l’élimination des pathogènes Ce qui pourrait expliquer le fait que les espèces – qui se masturbent - les plus exposées aux infections sexuellement transmissibles survivraient.
Et chez les femelles ?
La situation est quelque peu différente pour les femelles. Chez elles, la stimulation sexuelle influe sur le pH du vagin (en l’augmentant), rendant celui-ci plus apte au transport du sperme. De plus, l'orgasme, et les mouvements qu'il entraine aiderait aussi le sperme à atteindre sa destination. Cependant, cette hausse du pH entraine, également, de facto un environnement favorable pour le développement des pathogènes.
Faut-il dès lors assumer que la masturbation chez les femelles n’a aucun intérêt ?
«Je ne crois pas que ces résultats reflètent la réalité», explique la chercheuse, qui n'a pas pu pousser ses recherches sur les femelles en raison du manque de données pré-existantes. «Cela reflète plutôt une tendance globale dans la science qui reste lacunaire dans ses connaissances sur l'anatomie et les comportements sexuels féminin.»