
Comment notre corps réagit à la chaleur: nos conseils pour mieux la supporter

Tout le monde connaît la rengaine de la canicule. Il faut s’hydrater, se couvrir la tête, ne pas faire d’efforts physiques intenses, etc. Mais en ces temps de fortes chaleurs, il est intéressant de comprendre comment le corps humain réagit quand le mercure s’affole et que la sécheresse s’installe. Ce n’est pas sorcier… Les situations extrêmes, comme un grand froid ou une canicule, ont un impact sur notre homéostasie, notre capacité à réguler certaines caractéristiques, dont la température, en compatibilité avec un bon fonctionnement de notre organisme. “C’est comme un thermostat qui réagit à la chaleur et qui se dit “Attention! Je dois mettre en place un système pour lutter contre la chaleur sinon mon cerveau va se mettre à bouillir””, illustre la docteure Véronique Latteur, gériatre au Grand Hôpital de Charleroi. Si on est en bonne santé, le mécanisme de régulation qui va se mettre en place diminuera la chaleur du corps via la sudation. “On va transpirer afin que l’évaporation de l’eau sur la peau dissipe la chaleur. D’ailleurs, lorsqu’on passe sous la douche, ce n’est pas la douche elle-même qui nous rafraîchit, mais bien l’évaporation de l’eau sur le corps.” Le risque en cas de canicule sera de perdre alors beaucoup trop de sueur. De l’eau, mais aussi des ions, du sodium, du potassium… Sans eau à suer, on ne compense pas correctement, la chaleur corporelle se maintient et on risque la déshydratation. C’est ce phénomène qui est la cause de la plupart des problèmes liés aux températures élevées. On pense aux reins, notamment, qui ont besoin d’être hydratés sans quoi on risque l’insuffisance rénale. Mais il n’y a pas qu’eux. Par exemple, le cerveau n’apprécie pas de telles situations extrêmes, ce qui peut provoquer ce qu’on appelle communément des coups de chaleur. “Quand il n’y a pas assez d’évacuation de la chaleur du corps ou trop d’élimination d’eau, cela peut mener à des confusions aiguës chez les plus fragiles, cela peut rendre certains enfants apathiques ou à l’inverse très agités.”
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Un manque d’hydratation peut aussi complètement désorganiser le système cardiovasculaire. “Le risque, c’est l’hypotension. Le cœur pompe plus vite pour compenser. Quand le cœur ne parvient plus à pomper le sang dans les muscles, il y a un risque de chute, on tombe facilement.” À noter également que les personnes souffrant de troubles respiratoires peuvent également voir leurs problèmes empirer ou souffrir de pertes d’équilibre. Forte chaleur et temps sec ont aussi des conséquences sur la peau. “Lorsqu’elle est déshydratée, les escarres, les plaies par appui, se forment beaucoup plus facilement. Le tissu est plus fragile. Par exemple, quelqu’un qui serait tombé à cause d’un manque d’hydratation et qui sera resté quelques heures au sol sera bien plus couvert de plaies qu’à l’accoutumée.”
Avec la sueur, on perd du sodium, du potassium. Buvez un bouillon salé ou un gaspacho pour compenser.
La nuit est chaude…
Certains ont tendance à penser que lorsque le soleil cogne, leur digestion est perturbée. C’est un peu vrai, mais seulement indirectement. “Avec la chaleur, on a beaucoup moins faim, on change sa façon de manger et parfois, on ne boit pas assez. Cela peut causer des constipations ou des diarrhées, mais cela vient uniquement de ces perturbations des habitudes.” La docteure Latteur rappelle donc évidemment la nécessité de boire de l’eau, même quand on n’en a pas vraiment envie. “Avec l’âge, on perd le réflexe de soif. On ne compense pas assez ce qu’on perd. Il faut vraiment se forcer à boire un peu d’eau régulièrement et manger un petit peu. Avec la sueur, on perd aussi du sodium, du potassium. Cela vaut la peine de boire un petit bouillon salé, une soupe ou pourquoi pas un gaspacho pour compenser.”

© Kanar
Le thermomètre s’affole, notre sommeil est également perturbé, car notre corps ne parvient plus à s’autoréguler. “Notre capacité d’adaptation est limitée par des marges relativement étroites. Quand on prend la température corporelle, entre 35° et 38°, ce n’est pas énorme”, détaille le professeur Daniel Neu, somnologue et chef du Centre du sommeil à l’hôpital Delta du Chirec, à Bruxelles. Le sommeil nous sert à réguler notre température interne, à refroidir le corps en dégageant de la chaleur, surtout par le crâne. “C’est pour ça qu’il ne faut pas se couvrir la tête lorsqu’on dort, encore moins quand il fait très chaud, précise le spécialiste. Pour une chambre à coucher, la température optimale est entre 17°C et 19°C. Cela permet au cerveau d’évacuer des calories plus facilement.” Forcément, s’il fait 30°C à l’extérieur et 25°C là où vous dormez, la situation n’est pas idéale. “Cela se répercute sur la qualité du sommeil, indique le professeur Neu, qui se veut tout de même rassurant. Ce n’est pas la cata non plus! Ce n’est pas agréable, mais ce n’est pas comme si on allait modifier notre température corporelle interne et attraper de la fièvre ou autre chose. Si ça n’arrive pas dans un jacuzzi ou un sauna, ça n’arrivera pas après des nuits très chaudes.”
Un sommeil de qualité
Pour retrouver un sommeil de qualité, le somnologue conseille vivement les rafraîchisseurs d’air. “On ne peut pas tous déménager, il faut trouver des astuces. Ces appareils sont plutôt bon marché, simples, peuvent être installés près du lit la nuit et humidifient l’air pour une sensation de fraîcheur. Et c’est moins bruyant et puissant qu’un ventilateur.” Il est également recommandé de se coucher et de dormir le plus dévêtu et le moins couvert possible. “Et pourquoi pas avec les cheveux un peu mouillés, cela fait du bien aussi.” Après une nuit chaude, il est également important de boire de l’eau dès le réveil. “On se déshydrate tous pendant le sommeil, c’est normal. Souvent, on va aux toilettes avant de dormir, puis la nuit, évidemment, on ne boit pas. Donc un verre d’eau avant le café, qui augmente l’évacuation diurétique et déshydrate, c’est un bon réflexe, surtout chez les personnes âgées.”
En effet, pour les personnes de 75 ans et plus, le risque de déshydratation est aussi plus élevé la nuit, durant le sommeil. “Les capacités d’adaptation se rigidifient, la compliance des fonctions biologiques n’est plus la même et il faut se protéger au maximum. Par exemple, dormir sous combles à cet âge-là n’a vraiment rien de pertinent.”