

Dans les années 2000, une étrange maladie frappe le Sud-Est des États-Unis. De plus en plus d'Américains sont touchés par une anaphylaxie à la viande, c'est-à-dire la forme la plus sévère de l'allergie, qui peut conduire potentiellement à la mort. Les patients vomissent, développent une diarrhée puis des plaques d'urticaire avant d'avoir pour certains une gorge enflée et donc des difficultés respiratoires nécessitant une hospitalisation.
Les chercheurs constatent alors que cette répartition géographique correspond à celle de la fièvre pourprée des montagnes Rocheuses, une maladie transmise par certaines tiques. L'intuition était bonne: ces petits arachnides sont bien responsables de l'apparition de cette réaction allergique. Depuis, le même phénomène a été attesté en Europe et en Australie, alors que le nombre de cas augmente aux USA. La maladie est aujourd'hui connue sous la dénomination de syndrome alpha-gal (ou α-Gal).
Le nom d'alpha-gal fait référence à un sucre présent dans la viande des mammifères non-primates, le galactose-alpha-1,3-galactose. Ce composant n'est pas présent dans la viande de volaille ni dans la chair des poissons. Par conséquent, lorsqu'un de ces patients mange de la viande rouge (de porc, de bœuf, d'agneau, etc.) ou un aliment quelconque contenant de l'alpha-gal (comme certains produits laitiers), il avale par conséquent cette fameuse molécule et puisqu'il est devenu allergique à celle-ci, il développe cette réaction anaphylactique.
Pour comprendre comment ces personnes développent ce type d'allergie, il faut se pencher sur le cas de ces tiques en cause ici, comme celles étoilées présentes aux USA et celles dites "de mouton" (Ixodes ricinus) en Europe. Celles-ci peuvent détenir dans leur intestin et leur salive de l'alpha-gal. Lorsqu'elle pique quelqu'un, elle transmet ce sucre qui est absent chez les êtres humains et ce de façon anormale (autrement dit directement dans le sang et non par l'appareil digestif). Le système immunitaire le sait et se charge de détruire cet intrus. En souvenir de cette rencontre, il reste en quelque sorte en mode défensif en développant des anticorps anti-alpha-gal. Il se tient ainsi prêt à réagir s'il devait à nouveau faire face à cette molécule.
Chez ces personnes devenues allergiques, les symptômes apparaissent plusieurs heures après la consommation d'un produit contenant de l'alpha-gal, ce qui ne facilite pas l'établissement du lien de cause à effet. Des allergologues peuvent faire passer des tests pour confirmer le diagnostic, mais leur efficacité n'est pas totale et certains cas peuvent passer entre les mailles du filet, fait savoir Le Monde.
Pour l'heure, il n'existe pas de traitement qui permettrait de se débarrasser de cette allergie acquise. La seule solution est d'éviter tous les produits contenant de l'alpha-gal. Si les symptômes apparaissent, il faut aller chez le médecin, voire à l'hôpital, afin qu'un traitement soit donné, par exemple à base d'antihistaminiques. Les patients sont également invités à posséder un stylo auto-injecteur d'adrénaline.
Logiquement, la meilleure façon d'éviter tous ces ennuis, c'est d'éviter les zones où se trouvent ces tiques. Si vous êtes piqués, il faut la retirer rapidement pour éviter le plus possible la transmission de l'alpha-gal (ou de bactéries comme celle provoquant la maladie de Lyme), et ce en l'arrachant, pas en la pressant (ce qui pourrait l'amener à recracher encore plus de salive).