
L'aspartame déclaré "cancérigène possible": quels produits en contiennent, et quelle dose est problématique?

Coup de tonnerre dans le milieu de l'alimentation: ce 14 juillet 2023, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré l'aspartame "possiblement cancérogène". Depuis le début de son utilisation il y a près de 40 ans, cet édulcorant, également connu sous le code "E951", faisait l'objet d'études qui pointaient un lien possible avec l'apparition de cancers, le risque d'accouchements prématurés ou de dommages sur le système nerveux. Des alertes qui semblent finalement avoir convaincu les instances sanitaires internationales. Ce changement de paradigme est d'autant plus important que ce composant est présent dans des milliers de produits. Certains sont toutefois particulièrement répandus dans les magasins. De quoi renforcer notre vigilance à leur égard, même si pour l'instant les autorités restent rassurantes sur la dose qu'il faudrait atteindre pour cela constitue une véritable préoccupation.
La lecture de votre article continue ci-dessous
Notamment des produits allégés mais pas seulement
Si l'aspartame est si populaire, c'est parce qu'il fait figure de "faux" sucre qui a un pouvoir sucrant environ 200 fois supérieur à celui du saccharose, d’après l’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa). Cela permet eux industriels de créer facilement des produits "light". Plus concrètement, l'association UFC-Que Choisir donne une liste d'exemples de produits allégés qui sont concernés:
- Produits laitiers fermentés aromatisés
- Glaces
- Fruits ou légumes en conserves
- Préparations à base de fruits hors compotes
- Produits chocolatés
- Certaines confiseries
- Chewing-gums
- Céréales de petit-déjeuner à teneur en fibres supérieure à 15 %
- Produits de boulangerie
- Soupes et potages
- Boissons aromatisées
- Nectars de fruits
- Certains desserts
- Pâtes à tartiner à base de fruits
- Bières réduites en calories notamment
Au-delà de ces produits réduits en calories ou sans sucre ajouté, l'organisation française relève plusieurs autres exemples pour lesquels l'aspartame est également couramment utilisé:
- Conserves de fruits ou légumes aigre doux
- Sauces (notamment la moutarde)
- Certaines préparations pour sandwiches
- Snacks à base de pomme de terre
- Certaines boissons alcoolisées
- Certains compléments alimentaires
- Aliments destinés à des fins médicales spéciales
- Édulcorants de table
À cette liste, l'OMS ajoute pour finir d'autres produits comme "le dentifrice et les médicaments tels que les pastilles contre la toux ou les vitamines à croquer".
Un changement de catégorie mais pas de dose journalière admissible
Pour être précis, le CIRC classe désormais l'aspartame dans la catégorie 2B ("cancérigène possible"). Deux groupes sont considérés comme plus graves; le 2A ("cancérigène probable" ; comme avec la viande rouge, l’acrylamide, le glyphosate, etc.) et le 1 (cancérigène ; par exemple avec l'alcool, l'amiante, le tabac, la viande transformée, etc.). Autrement dit, l'OMS considère qu'en l'état, il existe une "indication limitée de cancer chez l’homme, en particulier, pour le carcinome hépatocellulaire, qui est un type de cancer du foie". L'organisation mondiale de la santé appelle ainsi à ce que d'autres études soient menées, notamment sur le long terme et avec de grandes cohortes.
Le CIRC ne modifie toutefois pas la dose journalière admissible édictée depuis 1981 et notamment par l'Efsa en Europe. Celle-ci reste de 40 mg par kilo. "Par exemple, avec une canette de boisson gazeuse light contenant 200 ou 300 mg d’aspartame, un adulte pesant 70 kg devrait consommer plus de 9 à 14 canettes par jour pour dépasser la dose journalière admissible, en supposant aucun autre apport en aspartame provenant d’autres sources alimentaires", précise l'organisation.
Par contre, on vous souhaite bonne chance si vous voulez savoir combien d'aspartame contient exactement tel ou tel produit! Les industriels ne se montrent pas toujours transparents et il est difficile d'estimer les quantités précises utilisées. Dans le cas du Coca Zéro, certaines sources affirment qu'une canette contient 40 mg d'aspartame, d'autres 85 mg (probablement parce que cela dépend du pays dans lequel elle est vendue).
Avoir une consommation modérée, mais ne pas se rabattre sur le sucre!
"Nous ne conseillons pas aux consommateurs d'arrêter complètement de consommer (de l'aspartame), mais de faire preuve d'un peu de modération", explique à ce sujet Francesco Branca, directeur de la nutrition à l'OMS. Ce produit "n’apporte aucun bénéfice si vous voulez réduire votre apport énergétique à long terme et un risque existe pour la santé si vous approchez de la dose journalière admissible actuelle. Alors pourquoi prendre ce risque?", dit-il. Autrement dit, vous pouvez regarder sur les étiquettes de vos produits s'il est écrit "aspartame" ou "E951" pour vérifier si cet élément est très présent dans votre alimentation. Si c'est le cas, il vaut mieux commencer à réfléchir à des substituts, ne serait-ce que pour une partie des produits concernés.
Vous pouvez par contre oublier l'idée de remplacer l'aspartame par du sucre naturel, ce qui serait contreproductif. "Parfois, ce que vous essayez de faire, c'est d'amener les gens à contrôler leur poids, c'est-à-dire à réduire leur apport calorique, et il peut être utile, si les gens boivent une boisson sucrée complète, de passer à une boisson à teneur réduite en calories ou à une boisson sans calories", explique-t-il à Euronews Tom Sanders, professeur émérite de nutrition et de diététique au King's College de Londres. Maintenant, évidemment, la solution la plus raisonnable, c'est d'éviter autant les boissons richement sucrées que celles avec beaucoup d'aspartame. Mais encore faut-il pour cela être prêt à se passer par exemple des très populaires sodas, entre autres.