
Chute et coup de gueule de Remco Evenepoel, chrono dans le noir, attentat déjoué: le résumé d'une semaine lunaire sur le Tour d'Espagne

Troisième Grand Tour de l’année, le Tour d’Espagne s’est élancé samedi dernier de Barcelone. Mais, malgré un label WorldTour, le plus haut niveau de course, et un plateau trois étoiles au départ, l’organisation de la Vuelta (qui n’a certes pas été aidée par la météo) a enchaîné les couacs durant la première semaine de course. Au point de faire passer l’une des plus grandes courses du calendrier pour une kermesse, voire même un cirque. Petit tour d’horizon des différentes péripéties de ce début de Tour d’Espagne.
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Une arrivée dans le noir
La première étape, un contre-la-montre par équipes dans les rues de Barcelone, avait annoncé la couleur de cette 78e édition. L’objectif des organisateurs était de voir arriver la dernière équipe au coucher du soleil pour obtenir les mêmes images que lors de la dernière étape du Tour de France, quand le crépuscule tombait à l’arrivée des coureurs sur les Champs Élysées.
Sauf que le mauvais temps a ruiné les espoirs de belles images sur la capitale catalane et sa célèbre Sagrada Familia. Barcelone se retrouvant sous les nuages, les dernières équipes ont parcouru les 14 kilomètres du contre-la-montre dans une obscurité quasi totale. Remco Evenepoel avait d’ailleurs montré son mécontentement après l’arrivée de l’équipe Soudal Quick-Step. “C’était ridicule. On n’est pas des singes dans un cirque”, avait-il expliqué par la suite, “Qu’il pleuve, personne n’y peut rien, mais on aurait dû programmer ce chrono plus tôt. Nous avons dû rouler de nuit et on parvenait à peine à voir celui qui roulait devant nous.”
Mais ce premier couac n’était que le premier d’une (trop) longue série.
🚴🇪🇸 | Remco Evenepoel is woest op de Vuelta-organisatie! 🤬🤬 De laatste ploegen hadden flink last van de invallende duisternis! 🌘 #lavuelta23
📺 Koers kijk je op discovery+ pic.twitter.com/xlDVpv1ATs
— Eurosport Nederland (@Eurosport_NL) August 26, 2023
Des temps neutralisés, des zones techniques trop courtes
Le lendemain, le temps n’était pas meilleur sur les routes de Catalogne. En raison du déluge et du risque important de chute sur les rues rendues glissantes de Barcelone, l’organisation décidait de geler les temps. D’abord à 2,5 kilomètres de l’arrivée, au sommet de la côte de Montjuic, avant de reculer encore cela, à 9 kilomètres de la ligne, au vu de la grogne des coureurs.
Mais aucune installation n’avait été prévue à cet endroit et il a fallu attendre de longues minutes après l’arrivée pour déterminer que l’Italien Andrea Piccolo prenait le maillot rouge des épaules de son compatriote Lorenzo Milesi.
Pire encore, les bonifications prévues au sommet de la côte de Montjuic (ainsi qu’à l’arrivée) avaient été maintenues. Sauf que les commissaires de course n’avaient aucun moyen de vérifier l'ordre de passage des coureurs au sommet. C’est pourquoi ils ont demandé aux spectateurs qui filmaient de leur montrer les images pour pouvoir accorder les secondes de bonification aux coureurs passés dans les trois premières positions. La Vuelta ne faisait que commencer et était déjà moquée par tous.
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Dès le lendemain, et même si le temps était plus clément pour les coureurs vers Andorre, Remco Evenepoel était victime d’une chute juste après l’arrivée de l’étape. Alors qu’il venait de franchir la ligne en vainqueur, le champion de Belgique était contraint de freiner en urgence et d’éviter les personnes accréditées qui se trouvaient juste après la ligne. Mais Evenepoel ne pouvait pas éviter la porte-parole de la police andorrane et se retrouvait projeté au sol, le visage en sang.
Si le Belge, qui aurait pu ralentir plus tôt, est en partie responsable de la chute, les organisateurs n’avaient pas prévu une zone assez grande après la ligne d’arrivée. Des barrières avaient été placées seulement 50 mètres après la ligne. C’était trop court pour permettre aux coureurs de ralentir de façon sécurisée, tout en permettant aux soigneurs, photographes et autres personnes autorisées, de se tenir à cet endroit. Heureusement, le Brabançon s’en sortait bien, avec une légère plaie à l’arcade sourcilière.
Tombo de Remco pós meta#Lavuelta23 #ciclismonaespn #LaVUelta23 pic.twitter.com/YZUhpLGWDy
— O País do Ciclismo (@opaisdociclismo) August 28, 2023
Ligne d'arrivée imaginaire
Ce n’était pas la seule arrivée au sommet chaotique de ce début de Tour d’Espagne. Ce dimanche, le mauvais temps frappait à nouveau les coureurs. Au sommet du Collado de Cravaca de la Cruz, il n’avait plus plu depuis plus d’un an.
Résultat, la route sur les 100 derniers mètres de l’ascension s’était transformée en chemin de cyclo-cross avec de la boue et des graviers. L’organisation décidait en urgence de geler les temps à un peu plus de 2 kilomètres de l’arrivée… sur une ligne imaginaire tracée entre deux cônes placés au sol. Cette fois, un appareil de photo-finish avait été installé… sur une échelle, et une commissaire était positionnée juste à côté de la ligne pour enregistrer le passage des coureurs.
Aucun classement sur la 9e étape de #LaVuelta23 pour l'heure : les temps ont été pris à 2,6km de l'arrivée et il faudra sans doute encore quelques minutes de patience pour avoir les résultats. Une certitude : Sepp Kuss gardera son maillot rouge avant la première journée de repos. pic.twitter.com/11Ky009SoR
— Le Gruppetto (@LeGruppetto) September 3, 2023
Mais cela n’a pas empêché un nouveau couac, puisque Primoz Roglic s’est vu crédité d’un temps avec deux secondes d’avance sur les autres favoris alors qu’il y avait clairement moins d’une seconde entre le passage du Slovène et d’Enric Mas qui le suivait directement. Les temps ont depuis lors été adaptés.
No idea how they timed a 2-second gap from from Roglic to Mas because it wasn't that much. And Vingegaard got 2 seconds like Mas, look how far he was... VAR! #LaVuelta23 pic.twitter.com/mHypYA8Guw
— Mihai Simion (@faustocoppi60) September 3, 2023
Une réalisation pas à la hauteur, un transfert interminable
Depuis le début de ce Tour d’Espagne, la réalisation télévisée a également été épinglée à maintes reprises. Attaques manquées en direct, images de paysages à des moments clé de la course, plans d’hélicoptère illisibles... les reproches ont été nombreux pour la production télévisuelle. Des manquements symbolisés par l’arrivée de la 7e étape, complètement loupée au tournage et remportée au sprint par le Français Geoffrey Soupe.
Dernier problème en date : le long transfert entre le Collado de Caravaca de la Cruz, dans la région de Murcie, et Valladolid où se tiendra ce mardi le contre-la-montre individuel de cette Vuelta. Le mauvais temps a encore joué des tours aux coureurs et l’avion dans lequel se trouvaient la plupart d’entre eux a atterri à… Madrid. Les coureurs ont donc dû prendre le bus pour rallier Valladolid, située à plus de deux heures de route plus au nord.
Sur les réseaux sociaux, le Français Romain Bardet s’est montré fataliste après ce nouveau contretemps. “Allez, encore deux semaines de Vuelta”, a-t-il notamment écrit. Le Néerlandais Jetse Bol (Burgos-BH) a également commenté la situation, expliquant qu’il a enfin pu regagner son lit à… 3 heures du matin.
En raison des intempéries qui touchent actuellement l'Espagne, l'un des deux vols prévus dimanche soir pour Valladolid a atterri à Madrid, obligeant ensuite un trajet en bus pour une arrivée vers 3h à l'hôtel. Jumbo-Visma et Soudal-QuickStep étaient dans le bon vol. #LaVuelta23 pic.twitter.com/YH9VKAPOSh
— Le Gruppetto (@LeGruppetto) September 4, 2023
Trois équipes ont néanmoins pu regagner leur hôtel en avance. Les formations Soudal Quick-Step, Jumbo-Visma et Intermarché-Circus-Wanty étaient toutes les trois dans un autre vol, qui n’a pas été dévié.
Mais tout le monde pourra profiter de la journée de repos pour s’octroyer une longue grasse matinée après toutes les péripéties de ce début de Vuelta.
Des drames évités de justesse
Heureusement, tous ces couacs n’ont pas engendré de gros dégâts physiques, malgré la chute d’Evenepoel. Mais un véritable drame a été évité de justesse à deux reprises par la Guardia Civil.
Lors de la 3e étape, la police espagnole a ainsi évité un sabotage… à l’huile d’olive. Quatre personnes projetaient en effet de répandre 400 litres de liquide sur la route depuis un viaduc. Mais elles ont été interpellées juste à temps.
Con este mecanismo pretendían sabotear la etapa de ayer de #LaVuelta23
👉🏻Dos bidones con 400 litros de líquido que pretendían arrojar en la calzada al paso del pelotón
👉🏻Cuatro personas detenidas in fraganti en #Lleida pic.twitter.com/pzEZpILBZ6
— Policía Nacional (@policia) August 29, 2023
Vendredi, le peloton a encore échappé à une catastrophe. La police espagnole a en effet arrêté un homme qui menaçait de foncer dans le peloton avec son véhicule en pleine finale de la 7e étape. L’homme de 28 ans avait ainsi ignoré les barrages de police et les ordres des agents près de l’arrivée à Oliva.
Selon la police, si l’homme n’avait pas pu être stoppé, cela aurait pu être un vrai désastre car il se serait présenté sur le parcours au moment où les coureurs arrivaient pour le sprint.