
Trouvez-vous encore du sens dans votre travail? Voici comment le savoir

Démissions, préférence pour le télétravail, réorientation professionnelle… Le sens au travail n'a jamais été autant recherché par les travailleurs. De multiples aspects de la vie professionnelle peuvent contribuer à donner du sens: le salaire, les perspectives de carrière, les liens sociaux, la reconnaissance, ou encore un équilibre entre temps professionnel et familial. Cependant, selon l’économiste Coralie Perez (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et le chercheur Thomas Coutrot, ces aspects ne redonnent pas du sens au travail, mais à l’emploi : « L’emploi, c’est l’institution qui encadre l’exercice du travail, pas le travail lui‑même », écrivent-ils dans The Conversation.
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Dès lors, qu’est-ce qui peut donner du sens au travail ? Selon le psychiatre Christophe Dejours, il existe trois dimensions du sens du travail : « Le sens par rapport à une finalité à atteindre dans le monde objectif ; le sens de ces activités par rapport à des valeurs dans le monde social ; le sens, enfin, par rapport à l’accomplissement de soi dans le monde subjectif ».
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Utilité, cohérence et développement
La première dimension concerne l’utilité sociale du travail, à ne pas confondre avec la reconnaissance : « La personne au travail ressent un « jugement d’utilité » quand elle voit que le produit concret de son travail permet de satisfaire les besoins de ses destinataires. […]Ainsi, beaucoup de salariés qu’on a pu qualifier d’« invisibles » (comme les assistantes maternelles, coiffeurs, aides à domicile, personnels de nettoyage) estiment faire un travail utile, tout en souffrant d’une faible reconnaissance symbolique et salariale », expliquent les chercheurs.
Le sentiment d’utilité ne suffit pas et doit être complété par la fierté du travail bien fait et la reconnaissance de la qualité de son travail. Enfin, pour avoir du sens, le travail doit transformer positivement le travailleur : « Chaque épreuve rencontrée peut être l’occasion d’apprendre des choses nouvelles, de mettre en œuvre ses compétences et d’accroître son expérience».
Mesurer le sens
Ces critères permettent de mesurer le sens au travail. En ce qui concerne l’utilité sociale, posez-vous ces questions : « Est-ce que je fais quelque chose d’utile aux autres ? » et « Je suis fier(ère) de travailler dans cette entreprise ». Pour la cohérence éthique, demandez-vous si vous éprouvez le sentiment du travail bien fait, si vous devez faire des choses que vous désapprouvez et si vous devez faire trop vite des opérations qui demanderaient davantage de soin.
En ce qui concerne la capacité de développement, demandez-vous si vous avez l’occasion de développer vos compétences à votre travail, si vous vous ennuyez et si vous avez la possibilité de faire des choses qui vous plaisent.
« Les professions ayant les plus hauts scores de sens du travail sont les assistantes maternelles et, plus généralement, des professions du care (aides à domicile, agent·e·s d’entretien, médecins), auxquelles on peut adjoindre les enseignant·e·s, les formateur·trices et les professionnel·le·s de l’action sociale et de l’orientation », renseignent les chercheurs.
Selon ces recherches, ce serait donc le fait de travailler « en contact avec le public » qui accroit le sens du travail : « En renforçant à la fois le sentiment d’utilité sociale et la capacité de développement, même si, en moyenne, cela favorise aussi les conflits éthiques ».
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