
Brazil.Brasil

Un jour de mars 1808, le Brésil, colonie du Portugal depuis 1500, se réveille métropole. Fuyant les troupes de Napoléon, le roi Joao VI et sa cour se sont en effet réfugiés à Rio de Janeiro qui devient le centre d’un empire. Très vite, se pose cette question: c’est quoi "être Brésilien"? C’est à l’art qu’il reviendra de jouer un rôle majeur dans la naissance de cette identité nationale. Au départ, le monarque veut élever l’art brésilien au niveau de l’art européen. Il crée l’Académie impériale. Sa mission: créer des tableaux historiques, des portraits mettant en évidence l’élite, tout en se gardant bien de traiter des questions de l’esclavage, des Noirs, des Indiens, du métissage, bref de la "diversidade" brésilienne. Ce seront des voyageurs-artistes, surtout venus d’Europe, comme le Français Jean-Baptiste Debret, qui porteront un regard neuf sur ce monde complexe, amenant peu à peu les artistes brésiliens, dont les modernistes, à s’engager dans une nouvelle esthétique, plus anthropologique, plus émotionnelle.
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De salle en salle, l’expo Brazil.Brasil nous fait voyager à travers une série d’œuvres, d’objets de films, de dessins, de sculptures qui révèlent "l’âme brésilienne", sans en occulter la face sombre. De grands noms émergent: Victor Meirelles et Première messe au Brésil (1860). Pedro Américo et son (terrifiant) Tiradentes écartelé (1893), Tarsila do Amaral et ses Travailleurs (1933, notre photo). On ne dit pas que sans avoir vu cette expo, riche et bien balisée, on ne peut pas apprécier les autres activités d’Europalia, mais il nous apparaît clairement que Brazil.Brasil apporte à la compréhension d’un pays, trop souvent enfermé dans des clichés (samba, carnaval, bikini, etc.), des clés indispensables et profondément humaines.
Brazil.Brasil. Jusqu’au 15/1/12. Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles. Du mardi au dimanche de 10 à 18 h (21 h le jeudi). Fermé lundi. 12 €/4,50 €. 02/540.80.80. www.europalia.eu