
Expo: Morandi, peinture à l’état pur

A l’évidence, le Bolognais Giorgio Morandi (1890-1964) est un peintre des natures mortes. Mais pas de celles qui débordent d’abondance et évoquent les anecdotes de la vie. Au fil d’une centaine d’œuvres rassemblées au Palais des Beaux-Arts, on découvre que peu de chose diffère au premier regard d’un tableau à un autre.
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Le choix des objets est souvent similaire, les variations ne venant que d’un subtil mais essentiel déplacement, d’une légère différence de couleurs, d’une ombre supprimée. Trois fois rien, et pourtant chaque œuvre est imprégnée d’une nouvelle intimité. Morandi est aussi un peintre de paysages, mais là aussi, rien d’anecdotique, rien de naturaliste, rien de descriptif. Les paysages sont absolus, réduits à l’essentiel, un carré, un rectangle, des superpositions de bandes chromatiques.
Le cube d’une maison aveugle, le triangle d’une colline, la diagonale d’un chemin. Une simplification à l’extrême, l’artiste limitant aussi sa palette à des blancs crème, des gris, des bleus dilués jusqu’à la matité.
De la peinture à l’état pur. Artiste solitaire, nourri dans son coin aux maîtres de la Renaissance, Giotto ou Piero della Francesca, mais aussi à la peinture d’un Chirico et d’un Cézanne, Morandi est “un peintre pour les peintres”. C’est Luc Tuymans, le grand artiste contemporain belge qui le dit, invité, lui, à entrer en dialogue avec le créateur italien en présentant quelques-unes de ses œuvres, dont Intolérance (1993). "En peignant ces objets, j’ai pensé à Morandi” reconnaît-il.
Le silence, l’essentialité de Morandi ont également séduit des cinéastes tel Antonioni (Bozar lui consacre une expo), Fellini. Des écrivains comme Paul Auster ou Siri Hustvedt y font eux aussi référence. Se plonger dans la rigueur de ce travail qui va à l’essentiel est un vrai bonheur. - P.N
RETROSPECTIVE MORANDI, jusqu'au 22/9 de 10 à 18 h. Palais des Beaux-Arts, rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles. Fermé lundi. www.bozar.be