[EXPO] Ouverture du Musée Fin de Siècle

Autour de 1900, Bruxelles est à l’avant-garde. La preuve par Rops, Ensor, Khnopff et tant d’autres. A redécouvrir dans un nouvel espace magnifique.

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Souvent annoncé, chaque fois reporté, le Musée Fin-de-Siècle a enfin ouvert ses portes. Il se déploie dans les sous-sols des Musées royaux des Beaux-Arts, y occupant sur quatre niveaux les salles de l’ancien Musée d’Art moderne fermé brutalement en 2011 par son directeur Michel Draguet. Sans entrer ici dans la polémique suscitée alors par cette décision, Draguet se voulait le défenseur d’un redéploiement des collections des musées fédéraux. Après la création du Musée Magritte, il prônait dès lors celle d’un autre musée, centré sur la période 1868-1914, période inventive, traversée de mouvements tels que l’impressionnisme, le réalisme, le postimpressionnisme, le symbolisme, le wagnérisme, l’Art nouveau.

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A l’époque, la Belgique, grande puissance industrielle, croit au progrès. Une bourgeoisie avant-gardiste se passionne pour l’art, pas seulement pictural. Des salons réunissent à Bruxelles l’essentiel de la création européenne. C’est tout cela que le Fin-de-Siècle remet en scène. Avec une élégante réussite, même si l’on peut regretter une configuration des lieux restée très années septante. Qu’y voit-on? Des bourgeois titubant au sortir d’une fête sous les yeux ébahis du petit peuple. C’est A l’aube, le tableau réaliste de Charles Hermans. C’est encore ces ouvriers au travail de Constantin Meunier.

En plongeant davantage dans les entrailles du musée, on croise ces belles figures féminines de Théo van Rysselberghe se détachant sur l’horizontalité de la mer (La promenade). Emouvantes aussi, la belle Henriette au grand chapeau d’Evenepoel ou, surprises par le symboliste Fernand Khnopff, ces étranges Caresses entre une sphinge et un jeune homme indécis. C’est Félicien Rops, ses masques ou son anticléricalisme exprimé dans La tentation de saint Antoine. Des Français, en rupture avec l’académisme, se sont aussi exposés chez nous, Gauguin, Vuillard, Bonnard. Au Fin-de-Siècle, la photo est présente, l’opéra également via la Monnaie et l’écriture via Verhaeren ou Maeterlinck. Une transversalité qui culmine dans la collection d’Art nouveau Gillion-Crowet, acquise par dation.

S’y côtoient des artistes aussi prestigieux que Gallé, Mucha, Lalique, Majorelle, Horta. Dans l’ultime espace du Musée, on rencontre encore l’école de Laethem-Saint-Martin, et surtout Léon Spilliaert parfois si proche déjà de l’abstraction. Accueillant également des écrans tactiles, le parcours est dense, foisonnant. Et donne très envie de connaître la suite de l’histoire, tout ce XXe siècle si riche en ruptures innovantes. A quand donc ce fameux Musée d’Art moderne, dont la capitale européenne ne saurait se passer indéfiniment?

> MUSEE FIN-DE-SIECLE, entrée par Musées royaux des Beaux-Arts, rue de la Régence 3, 1000 Bxl. www.fine-arts-museum.be

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