
Expo: Rêver le monde au cabinet des curiosités
Le galeriste Antonio Nardone, commissaire de cette expo du Bota, en est persuadé: "Avec un objet, on peut rêver le monde". Cet accès au rêve a été possible, dès la Renaissance, grâce aux Wunderkammern ou cabinets de curiosités, où s’amassaient insectes, animaux empaillés et autres objets insolites venus de partout, créateurs de mondes réels ou imaginaires où le sang de dragon côtoyait la corne de licorne.
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Sur ce principe, Nardone a rassemblé les œuvres d’une vingtaine de plasticiens contemporains dans un Bota où, de la lumière bien maîtrisée aux armoires à l’ancienne, tout a été mis en place pour distiller l’atmosphère intimiste propre à ces Wunderkammern.
Pour tout le reste, et notamment le rapport ambigu entre la nature et l’artifice, l’immersion dans notre époque est totale. Une époque où Pascal Bernier jette un regard désenchanté sur ce faon blessé par un accident de chasse (notre photo). Ulrike Bolenz emprisonne ses libellules dans du plexiglas. Les saints, vierges et christ de Vincent Solheid ont des têtes de serpents ou d’ours et leurs pièces détachées ressemblent à des jouets de plastique.
Les cochons bottés de William Sweetlove semblent sortir tout droit de l’arche de Noé. Humanité et animalité se mêlent magnifiquement sous l’objectif de Roberto Kusterle. Jan Fabre et ses scarabées sont là aussi. On croise Jean-Luc Moerman, Charley Case, Michel Mouffe, Wim Delvoye, Alexandra Leyre Mein... Chaque artiste est unique. Et pourtant, les retrouver réunis ici a un sens: celui de nous ouvrir la porte de l’étrangeté et du rêve. Une démarche qui, objet après objet, et portée par des textes qui racontent chaque fois une histoire, aide le grand public à "entrer" dans l’art contemporain, ou en tout cas à ne plus en avoir peur. Fabuleux.
> Jusqu’au 29/1. Le Botanique, rue Royale 236, 1210 Saint-Josse. Du mercredi au dimanche de 12 à 20 h. De 2 à 5 €. 02/218.37.32. www.botanique.be