
Festivals photo - Voir et croire

En août 2006, l'agence Reuters mettait fin à sa collaboration avec un photographe libanais pour "manipulation d'image". Le reporter avait, avec l'aide de Photoshop, délibérément ajouté de la fumée dans le ciel d'une Beyrouth bombardée pour "dramatiser" un peu plus la scène. Depuis cette date, nous avons pris conscience qu'une photographie n'était pas forcément le reflet de la réalité. Certes, les lectrices de magazines féminins s'étaient déjà habituées depuis longtemps à la "retouche Photoshop" imposée par les diktats de la beauté mais, jamais encore, le logiciel "magique" n'avait fait parler de lui au sujet d'une photo d'actualité! La manipulation est pourtant aussi vieille que la photographie. Voilà pourquoi la 9ebiennale de Liège a choisi pour thème "Je crois ce que je vois", et fait le point sur les relations complexes entre image et croyances liées à l'image. Tour d'horizon des différents lieux d'exposition...
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Les idoles
Le point de départ de la 9ebiennale de photographie et d'arts visuels de Liège se trouve dans la splendide Cité Miroir: seule sur un vaste plateau entièrement nu trône Dreadfull Details d'Eric Baudelaire. Une photographie de guerre de 2 mètres sur 4 ressemblant étrangement à un tableau de Goya. Le trouble est évident tant cette imagerie de guerre semble familière au spectateur qui est surtout capté par la beauté de la composition. Trop belle pour être vraie, et pour cause, Eric Baudelaire a passé plusieurs jours avec des dizaines de figurants pour organiser la scène, le tout dans un authentique décor de cinéma près de Los Angeles. Chez Philippe Chancel, la mise en scène n'est pas l'œuvre du photographe mais du pouvoir en place. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit d'une des pires dictatures de la planète: la Corée du Nord! Les grands-messes photographiées par le Français semblent irréelles et l'individu apparaît comme un jouet dans un grand théâtre propagandiste. Dans une deuxième exposition à l'Académie des Beaux-Arts, le photographe interroge la réalité de ce pouvoir en montrant l'envers du décor avec Data Zone, une série déconcertante aux tons laiteux qui puise ses références directement dans la peinture.