
"The Bauhaus. It’s All Design", l'âge d'or des designers

Que même Hollywood annonce un film avec en toile de fond le modernisme - ou en tout cas l’histoire houleuse de la création d’une de ses maisons emblématiques - confirme le come-back du courant. Le pitch: Edith Farnsworth choisit en 1946 l’ex-directeur du Bauhaus, Ludwig Mies van der Rohe, pour dessiner et suivre la réalisation d’une maison de vacances avant-gardiste près de Chicago. Sur fond de maison épurée, leur relation virera au chaos total. Cette annonce permet un second lien entre modernisme et Hollywood, puisqu’à la même époque, un autre couple, mais de designers cette fois, y arpentait les plateaux de tournage du cinéaste Billy Wilder, et construisait en Californie leur version de l’habitat moderne à partir d’une aérienne structure modulaire d’acier. Les Eames, puisqu’il s’agit d’eux, moins glamour en un sens, et certainement moins conflictuels que Maggie Gyllenhaal et Jeff Bridges qui incarneront la commanditaire et son architecte à l’écran, mais tout aussi fascinants, et terriblement attachants.
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L’architecte Walter Gropius s’engage à former des créateurs d’un nouveau genre, des artisans/artistes, ou designers, qui “grâce à un enseignement pratique et artistique complet, devraient être capables d’opposer aux produits de masse de la nouvelle société industrielle du début du XXe siècle, souvent de mauvaise qualité, des objets du quotidien utiles, durables et beaux”.
D’autres preuves de la vigueur de la veine moderne? La réédition par le Conran Shop, en collaboration avec Vitra - possesseur des droits pour l’Europe - de la Eames Lounge Chair dans une nouvelle combinaison de couleurs. Significatif d’une lame de fond qui n’a pas fini de déferler, le bureau de tendance Nelly Rody pointait dans sa dernière newsletter un “Bauhaus Reboot”, richement illustré de créations de designers contemporains, dont Muller-Van Severen, un couple encore, belge cette fois, affichant certaines inspirations modernistes côté rapport formel/fonctionnel.
Pour comprendre les débuts d’un mouvement à l’immense influence, et ce qui réactive l’envie aujourd’hui, The Bauhaus. It’s All Design, expo montée pour l’incroyable musée Vitra à Weil am Rhein et hébergée par l’ADAM, est un bon point de départ. Pas de plongée historique exhaustive, “l’expo de Paris l’a déjà fait”, précise la curatrice Jolanthe Kugler. En février dernier s’est en effet terminée une grande rétrospective, L’esprit du Bauhaus aux Arts décoratifs…. Une remise en contexte s’impose tout de même, elle-même faisant partie d’un des quatre piliers de l’enseignement du Bauhaus: “Create context”, “Learn by doing”, “Think about space” et “Communicate”. Une ligne du temps retrace les grandes lignes de l’aventure, de la naissance du projet à la fermeture définitive en 1933, sous la pression nazie.
Si les portes de l’école s’ouvrent pour la première fois en 1919, l’idée a germé quelques années auparavant. Dans les pas de l’architecte belge Henry Van de Velde, fondateur et directeur jusqu’en 1914 d’un Institut des arts décoratifs et industriels à Weimar (il fondera ensuite en 1926 une école supérieure des arts décoratifs à Bruxelles, l’actuelle La Cambre), l’architecte Walter Gropius s’engage à former des créateurs d’un nouveau genre, des artisans/artistes, ou designers, qui “grâce à un enseignement pratique et artistique complet, devraient être capables d’opposer aux produits de masse de la nouvelle société industrielle du début du XXe siècle, souvent de mauvaise qualité, des objets du quotidien utiles, durables et beaux”. Enlevez “nouvelle” et remplacez “XXe” par “XXIe”, on ne peut nier l’incroyable actualité de cette phrase…
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THE BAUHAUS. IT’S ALL DESIGN, jusqu’au 11/6. ADAM, Bruxelles. Le 14/5: family brunch + visite musée et expo, de 10 à 14 h, 15 €. www.adamuseum.be
THE WORLD OF CHARLES AND RAY EAMES, jusqu’au 28/5. C-Mine, Genk (visite guidée en français sur demande). www.c-mine.be