Depeche Mode magistral au Sportpaleis

Un public chaud boulette, Dave Gahan qui fête ses 55 ans, une setlist audacieuse, un vrai message politique, un Never Let Me Down à faire pleurer (à voir en vidéo). Voilà ce qui a donné un concert d’anthologie ce mardi à Anvers.

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Nous avons eu l’opportunité d’assister à pratiquement toutes les tournées de Depeche Mode qui ont fait escale en Belgique, mais il faut remonter loin, très loin, dans nos souvenirs pour retrouver le niveau qualitatif et émotionnel de la prestation livrée ce mardi soir au Sportpaleis d’Anvers. Pour le troisième concert de cette Global Spirit Tour entamée ce 5 mai en Suède, toutes les conditions étaient réunies. Un son parfait, un visuel époustouflant signé par le fidèle Anton Corbijn, un chanteur, Mister Dave Gahan, galvanisé par son 55e anniversaire et un public à la fois avide de nouveautés et prêt à s’extasier au son des perles du passé. On vous explique pourquoi Depeche Mode atteint encore des sommets en 2017, trente-huit après sa formation à Basildon.

Un vrai message

Plus engagé que jamais avec son dernier album « Spirit », Depeche Mode profite de cette tournée pour délivrer un message politique. A sa manière. C’est subtil, discret, intelligent, sobre et n’étouffe jamais la mission première du groupe qui consiste à créer de grandes chansons électro/pop. Mais ce n’est bien sûr pas un hasard si le concert est introduit par le Revolution de The Beatles et Going Backwards sur lequel Gahan chante : « Nous avons perdu notre âme, nous ne ressentons plus rien autour de nous. » En milieu de set, Depeche Mode livre une interprétation live de Where’s The Revolution bien supérieure à la version qui se retrouve sur "Spirit". Derrière Gahan, un écran LED montre des poings levés qui s’agitent. Grand frisson. Et  bien plus qu’un magnifique hommage à David Bowie, leur reprise de Heroes offerte en rappel vient rappeler toute la légitimité de nos aspirations citoyennes. « Nous pouvons être des héros, seulement pour un jour. Nous pouvons être nous, seulement pour un jour . » Trop vrai, trop juste, trop beau.

Le répertoire

Après toutes ces années, Depeche Mode pourrait se contenter de jouer ses tubes et de repartir avec son chèque. Mais Depeche Mode est aussi exigeant avec lui-même qu’avec son public.  Le trio, augmenté sur scène d’un batteur et d’un multi-instrumentiste, prend son temps pour présenter son nouvel album et il a raison. Les cinq chansons extraites de "Spirit"  (Going Backwards, So Much Love, Cover Me, Poison Heart, Where’s The Revolution) sont d’une modernité bluffante. Les tubes ne sont pas oubliés, mais ils sont enrichis d’un nouvel habillage sonore et visuel. World In My Eyes est ainsi sublimé par une intro inédite, tout comme Everything Counts  ou I Feel You. Sur l’indémodable  EnjoyThe Silence, c’est le visuel qui surprend. Alors qu’on s’attend à voir Gahan se promener avec sa chaise et sa couronne dans un paysage montagneux en noir et blanc, ce sont des animaux aux couleurs vives qui apparaissent sur grand écran : un lapin, un cochon, une vache, un cheval…  Un vrai jardin extraordinaire. Never Let Me Down Again entraîne toujours ces vagues de bras dans toute la salle et on ne s'en lasse pas. 19.000 paires de bras qui tanguent au milieu de spots blancs, c'est à plurer d'émotion.  Emotion encore aussi avec  la version acoustique et solo de A Question Of Lust et l’impérial Home interprétés par Martin Gore. Et lorsque le public lui fait une ovation méritée, Martin fait signe à son claviériste de jouer les notes de Happy Birthday pour Dave Gahan. On ne partage pas la couchette de leur  bus de tournée, mais on a l’impression  que l’entente n’a jamais été aussi bonne entre eux. Et c’est cool.

Dave Gahan au top

C’est lui la star incontestable de la soirée. C’est lui le performer, le showman, le battant  qui va aller chercher le dernier spectateur pour qu’il tape des mains sur Where’s The Revolution ou communie sur  Personnal Jesus.   Malgré une vie marquée par les excès, Dave Gahan n’a jamais aussi bien chanté. Sa version de Corrupt, le trop rare Wrong qu’il ressuscite de brillante manière, sa prestation enflammée sur le Heroes de Bowie resteront à jamais gravés dans nos mémoires.  Ses petits pas de danse de canard un peu moins. Pour nous, ils peuvent revenir quand ils le veulent. "Spirit" était déjà un des grands disques de 2017.   Les voilà désormais en tête de liste dans la catégorie live.

Photo: Benoît Bouchez

 

 

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