

Début de soirée sur la Rambla. Chemise bariolée et sourire de penseur illuminé, Jacques débarque sur la scène des Ardentes. Personnage étrange et intriguant, Le garçon arbore une tonsure insolite et quelques hits insolents de modernité. Entre bruits arrachés à la réalité et quelques sons chipés sur internet, le Strasbourgeois de l’espace concocte une mixture électronique délirante et ultra dansante.
Entouré de machines venues d’une autre planète et de drapeaux aux couleurs de nations inconnues au bataillon, le producteur français transforme tout ce qu’il touche en beat intergalactique. Caméléon de la techno, Jacques met des couleurs dans ses sons et se dandine à sa façon : n’importe comment. Entre deux déhanchés bizarroïdes, il est rejoint par un complice. Brouette (!) à la main, son pote galope sur scène comme un dératé. Après ce sprint surréaliste, il pose son engin dans un coin et commence à gonfler un ballon. Alors oui, ça ne sert à rien... Mais le délire est assumé, complètement cinglé. Et puis, surtout, la musique est bonne. Bonne, bonne. À fond dans le délire, Jacques dégaine son tube Dans la radio et explore d’autres façons de danser: tête à l’envers et bras en l’air. Tout bon concert.
Pas évident pour Soldout de prester en tête d’affiche sur la scène Rambla ce jeudi soir alors que Booba fait le show à une centaine de masse avec une sono boostée aux infrabasses. Mais le duo bruxellois fait parler son expérience et son sens du groove hédoniste avec une prestation en crescendo sans bavure. L’arrivée d’un batteur dans la configuration live apporte non seulement de la nuance dans les compositions (et pas seulement celles tirées du petit dernier Forever) mais donne aussi une touche humaine supplémentaire tout en offrant plus de liberté à la chanteuse Charlotte Maison. Très classe dans sa gestuelle, cette dernière assure le show en mettant à la fois en avant sa féminité et sa mélancolie. David, quant à lui, reste tout aussi distingué dans ses coups de butoir. Nous l'avons déjà écrit plusieurs fois mais on le répète; Soldout a une classe folle qui manque à beaucoup de formations belges. Aux frontières de la dream pop et de l’électro, son épertoire gagne en consistance et impose son juste équilibre. Il s'agit ici de musique pour danser, de musique à écouter et de musique qui fait réfléchir. Tout ça en même temps, avouez que c'est trop beau. Après le BSF, Soldout nous reviendra en salle le 19 octobre à La Madeleine, à Bruxelles.