
Indochine: "Le pouvoir, on le doit au public"

De “phénomène transgénérationnel” à “anomalie dans le paysage rock français”, tout a été dit sur Indochine. Et si à l’heure du treizième album de l’inusable formation de Nicola Sirkis, on renonçait enfin à tenter d’expliquer l’inexplicable? Cette incroyable longévité, cette aptitude à recruter à chaque disque une nouvelle audience tout en conservant l’ancienne garde. Ces chiffres de vente et de fréquentation des salles qui affolent les compteurs. Ces détracteurs qui les attendent la bave aux lèvres pour ressortir les mêmes critiques à leur égard.
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Car la réponse au “cas” Indochine est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît. Après plus de trente-cinq ans de carrière, Sirkis et les siens ont toujours la niaque et sont capables de signer de grandes chansons fédératrices. Plus Harry Potter que Peter Pan, Nicola Sirkis sort sa baguette magique et plante dans « 13 » le décor d’un monde utopiste où la nouvelle génération a pris le pouvoir. Bercé de désillusions légitimes, “13” n’en reste pas moins lumineux et enchaîne les tubes: Suffragettes BB qui fera plaisir à Virginie Despentes pour son propos féministe, Station 13 et ses synthés sautillants, Karma Girls servi par un texte onirique de Jean-Louis Murat, Henry Darger dont la rythmique rappelle Relax, le tube pervers de Frankie Goes To Hollywood, ou encore le désespéré Tomboy 1 sur lequel s’invite Kiddy Smile, artiste connu pour son militantisme LGBT. Nicola Sirkis a accordé un long entretien à Moustique à découvrir dans son intégralité dans la version « papier » de Moustique. En voici quelques extraits.
Le concept de « 13 »
Nicolas Sirkis : Ce n’est pas un hasard si c’est la chanson Black Sky qui ouvre le disque. Ce titre est une métaphore futuriste sur laquelle repose le concept de « 13 ». Le monde va mal et on fonce droit dans le mur. Il faut bouger, il faut aller voir ailleurs, on ne sait pas ce qu’on va y trouver mais nous voulons croire que ce sera mieux. C’est aussi le message de la pochette qui est signée par le photographe hollandais Erwin Olaf. Treize enfants, treize filles au visage fermé et dur, qui posent comme sur une photo d’un nouveau gouvernement imaginaire.
Le succès de la tournée 13 qui débute le 10 février
Aujourd’hui, nous en sommes à 220.000 billets vendus. La tournée est quasi complète. Pour être franc, ces chiffres donnent le pouvoir à Indochine. Et ce pouvoir, on le doit au public. C’est comme si Indochine avait été élu. Nous faisons ce que nous voulons. On peut dire oui pour imposer des prix bas, non pour ne pas faire des promos à la con. Aujourd’hui, c’est un luxe.
David Bowie
Dans Black Sky, il y a un clin d’œil à la chanson Space Oddity de David Bowie. Sa mort m’a bouleversée car elle m’a ramené à mes débuts. C’est David Bowie qui a été le déclencheur. C’est lui qui m’a donné envie de faire de la musique alors que je n’avais pas le moindre talent ou la moindre vocation pour cette discipline.
L’Aventurier
Non, je n’en ai pas marre de chanter L’Aventurier après toutes ces années. Et ce n’est pas de la nostalgie. Cette chanson est toujours cohérente aujourd’hui . Le son des premiers albums d’Indochine a, par contre, vieilli. J’ai du mal à les réécouter, même s’il y a un côté vintage. Mais quand tu joues L’Aventurier en concert entre des morceaux plus récents d’Indochine comme College Boy ou Littles Dolls, ça reste une chanson rock moderne.
L’après « 13 »
On a des projets qui nous emmènent jusqu’en 2021, ce qui correspond aux quarante ans du groupe. Contractuellement, nous “devons” encore un album à notre maison de disques mais je ne peux pas le garantir. C’est très complexe de faire un nouvel album. Je ne sais pas si on fera un disque « 14 ». Peut-être que ce 40e anniversaire sera l’occasion de faire un bilan sous la forme d’une belle compilation. Et puis “13”, c’est un putain de bon chiffre.
13, Indochine Records/Sony Music, sortie 8/9.
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