Pourquoi il faut (re)voir Patients de Grand Corps Malade

Il y a des histoires de vie derrière le handicap. Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, s'il le fallait encore, le rappelle.  

Patients ©Prod

Raconter le quotidien de résidents dans un centre de réadaptation fonctionnelle sans tomber dans le pathos. C’est la mission accomplie de Grand Corps Malade et Medhi Idir dans Patients. Pendant près de deux heures, la comédie dramatique suit Ben (Pablo Pauly) est devenu tétraplégique incomplet après avoir plongé dans une piscine peu profonde. L’histoire, librement adaptée du roman autobiographique écrit par le slameur, est aussi celle de Farid (Soufiane Guerrab), paraplégique depuis l’âge de 4 ans, Steeve (Franck Falise) que Ben rencontre alors qu’il est sur le ventre pour soigner une escarre aux fesses, Toussaint (Moussa Mansaly), « tétra » après un accident de voiture, ou encore de Samia (Nailia Harzoune), qui n’a plus l’usage de ses jambes depuis sa tentative de suicide.

Humour et autodérision

Ces vannes, parfois très crues, rythment le film et le rendent d’autant plus fort. Comme celle du chauffeur de bus qui transporte des enfants handicapés dans la montagne (on vous laisse découvrir la chute), ou encore « ce qui est relou avec les meufs en fauteuil ». Grand Corps Malade le dit lui-même , il y a un « humour handicapé avec ses codes, ses grands classiques dans tous les lieux où la vie est très compliquée. De ces situations-là naît un humour et une autodérision très trash ». Toujours très juste, Patients ne tombe jamais dans l’angélisme et n’occulte pas les moments difficiles : quand Steve décide d’abandonner et frôle de peu la mort, ou quand Toussaint, qui ne progresse plus, doit partir en maison de repos.      

Outre l’infirmier qui infantilise, l’aide-soignante touchante mais maladroite et la médecin-chef qui ne prend pas toujours des gants, François (Yannick Rénier), le kiné, occupe un rôle central dans la rééducation de Ben. Il l’écoute attentivement, explique chaque étape et l’accompagne avec douceur tout en le bousculant quand il faut.

L’envie de vivre

Et puis il y a la bande originale, l’autre composante géniale du film. The Message de Nas, You Got Me des Roots, That’s My People de NTM, Natural Mystic de Bob Marley, et bien d’autres. Des tubes des années 90 qu’on ne se lasse pas de réécouter. La voix de Grand Corps Malade alias Fabien Marsaud n’apparaît qu’au générique, avec son superbe Espoir adapté en duo avec Anna Kova, car le slam n’a commencé que 6 ans après son accident.

Dans 6e sens, sorti en 2006 sur l’album Midi 20, Grands Corps Malade lançait déjà le message du film : « Parfois la vie nous teste et met à l’épreuve notre capacité d’adaptation. Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c’est un 6ème qui les délivre. Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction. Ce 6ème sens qui apparaît, c’est simplement l’envie de vivre. »

Patients. Réalisé par Grand Corps Malade et Medhi Idir. Avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Yannick Rénier, etc. 2017. Disponible en Blu-Ray et DVD.

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