Annihilation sur Netflix: pourquoi le thriller SF avec Natalie Portman vaut le détour

Il y a plusieurs raisons de saluer la diffusion-évènement du second film d’Alex Garland (après Ex Machina) sur la plate-forme Netflix. 

Annihilation sur Netflix: pourquoi le thriller SF avec Natalie Portman vaut le détour

Adapté d’une saga de science-fiction américaine signée Jeff VanderMeer, le film suit l’expédition-commando d’un groupe de femmes scientifiques dans la « zone X », un lieu coupé du reste du monde qui expose ceux qui en reviennent à des contaminations mortelles. Parmi ces femmes, Lena (Natalie Portman, gracieuse et viscérale), une professeure de biologie cellulaire qui espère découvrir les raisons de la disparition de son mari (Oscar Isaac) en mission secrète ; et une psychologue atteinte d’un cancer incurable (Jennifer Jason Leigh). Tapissé de clairières scintillantes et d’arbres humains à l’ADN modifié, le film bénéficie d’un univers visuel très esthétique, qui emprunte autant à l’atmosphérique Arrival de Denis Villeneuve qu’aux monstres gore d’Alien (scène d’éviscération à l’appui). Mais à mesure que l’expédition s’enfonce dans la végétation luxuriante, le film mute et se déploie comme une métaphore de la maladie mentale ou une allégorie psychique de la dépression qui vient saisir les protagonistes de multiples manières, par effet de capillarité ou comme un monstre sans visage.

Clash artistique

Et pourtant, Annihilation ne sort pas en salles chez nous mais directement sur Netflix. Pourquoi ? Derrière le deal avec la plateforme de streaming (117 millions d’utilisateurs dans le monde), le magazine Hollywood Reporter révèle en réalité un « clash artistique » majeur entre producteurs : d’un côté le boss financier de Skydance Productions (à l’œuvre pour Terminator-Genysis), et de l’autre le producteur exécutif Scott Rudin (derrière The Social Network ou bientôt Lady Bird) qui soutient le réalisateur sur le choix du final cut. Puisque Garland ne veut pas remonter la fin son film jugée « trop intellectuelle », la Paramount décide de sortir de l’impasse grâce à Netflix, qui rachète le film pour l’internationale (alors que le film sort aussi en salles aux Etats-Unis et en Chine deux semaines avant le streaming). Annihilation n’est donc pas une pure création Netflix (contrairement à Mudbound, Okja, The Meyerowitz stories ou le récent Mute de Duncan Jones) mais son rachat par la plate-forme devrait créer un précédent pour les blockbusters de budget modéré jugés fragiles au box-office. S’il est clair que Netflix n’aide pas à la survie des salles de cinéma, il est clair aussi que la plate-forme soutient la création en préservant une œuvre et le final cut de son auteur face aux studios. C’est peut-être ça aussi l’effet Annihilation.

Annihilation. Réalisé par Alex Garland. Avec Natalie Portman, Oscar Isaac – 113’. Disponible sur Netflix.

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