
Médicaments sur Internet : plus de la moitié ne sont pas conformes

Arrivée par la poste, la boîte, tant attendue, aura coûté 10 euros de moins que dans une grande surface ou une pharmacie. Des économies substantielles sur une année pour chaque citoyen. Quel Belge n’a pas déjà été tenté d’acheter des compléments alimentaires, des vitamines, des antidouleurs ou du viagra sur Internet ? Pourtant ce “clic économique” peut coûter très cher: 75 % des contrefaçons de médicaments sont commandées sur Internet. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime même que “les faux médicaments seraient responsables de 700 à 900.000 décès”. Pour les criminels actifs dans ce secteur, “le chiffre d’affaires tourne autour des 200 milliards de dollars annuellement, contre 75 millions il y a quelques années”, interpelle la députée MR, Isabelle Galant, MR, à la Chambre.
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L’Agence fédérale des médicaments et des produites de santé (Afmps), avec les douaniers interceptent des colis de médicaments contrefaits. “En 2017, l’Unité spéciale d’enquête de l’afmps a saisi 4.472 colis ,venant de pays tiers, la plupart du temps pour des particuliers, à leur usage personnel.” Dans l’ensemble, en 2017, cette Unité a clôturé 547 enquêtes administratives et judiciaires relatives à la criminalité pharmaceutique. Arrivés par la poste, ces médicaments ou compléments remettent en question notre chaîne de sécurité sanitaire. Quid des supermarchés ? Des pharmacies ? Maggie De Block, ministre fédérale de la santé, tempère : “Il est très important de noter qu’aucun médicament contrefait n’a, à ce jour, été découvert dans le circuit des pharmacies ou les hôpitaux en Belgique. Les patients belges sont donc protégés lorsque des médicaments leur sont délivrés par leur pharmacie ou à l’hôpital”.
Pourtant, récemment en Allemagne, en quelques mois, plusieurs fois un médicament (un antiviral notamment) contrefait a été découvert dans une officine. Les pharmaciens allemands n’ont pas caché leur inquiétude: la contrefaçon ne se distinguait que par un seul numéro absent de la notice. Les trafiquants ont le souci du détail.
Aujourd’hui, les nombreuses enquêtes montrent que les principaux pays d’où proviennent les médicaments contrefaits sont l’Inde, la Chine et la Thaïlande, auxquels il convient d’ajouter Singapour et les États-Unis. À son niveau, la Belgique fait partie de la Convention Medicrime qui a pour objectif de criminaliser la falsification de médicaments… Mais qui n’a été ratifiée que par quelques pays.
Le combat est aussi mené au niveau du continent africain. En février, une douzaine de ministres africains (Maroc, Sénégal, Côte d’Ivoire…) de la Santé ont signé une résolution pour lutter contre les médicaments falsifiés. L’un des médicaments les plus contrefaits aujourd’hui est sans conteste le Viagra. Un sondage de Pfizer montrait que 80% du Viagra acheté sur internet était contrefait. Il provenait notamment de Thaïlande ou d’Inde et contenait du plâtre ou de l’encre… Mais la contrefaçon s’étend à d’autres blockbusters de l’industrie: les maladies graves ou chroniques. Suivant les pays, le cancer, le diabète, ou le paludisme sont ciblées par la contrefaçon. Ne tombez pas dans le piège et cliquez malin pour votre santé.
Acheter en toute sécurité
Prendre le temps de choisir le bon site permet d’éviter un mauvais médicament.
Le choix du site internet est primordial. Quelques conseils pratiques: avant tout, ne pas acheter sur des sites se situant en dehors de l’Union européenne. En effet, dans celle-ci, les pharmacies en ligne sont soumises à des autorisations très strictes.
Et chez nous? Pour rappel, en Belgique, seuls les pharmaciens sont autorisés à vendre des médicaments. Elles peuvent aussi, pour les médicaments non soumis à prescription médicale, en vendre sur leur site s’il est notifié auprès de l’AFMPS et de l’Ordre des Pharmaciens. La liste validée est disponible sur le site internet de l’AFMPS.
La loi belge est, par ailleurs, contraignante pour les acheteurs. En effet, l’achat, même via un site étranger, dépend de la réglementation belge pour les médocs soumis à prescription. En cas d’infraction, cela peut aller de la saisie de la marchandise à des sanctions pénales. Enfin, après l’achat, lorsque le médicament arrive par la poste, vous devez le vérifier consciencieusement: date de péremption, conditionnement du produit, qualité de l’emballage et de la notice. Si vous avez le moindre doute, rendez-vous dans une pharmacie ou reprenez contact avec le site qui vous a envoyé le produit.