
Pierre Bergé, l'homme qui a fait la marque Saint Laurent

Le portrait est celui d'un business man redoutable. Mais on le savait - sa réputation n'était plus à faire. Au fil des pages, le profil s'affine et dévoile une personnalité supérieure et, pour tout dire, assez antipathique. Comme si Pierre Bergé, dont Yann Kerlau signe la première biographie non autorisée, avait une revanche à prendre sur la vie et qu'il ne laisserait personne la prendre à sa place.
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Avocat d'affaires, spécialisé dans le secteur du luxe, longemps conseiller du groupe Saint Laurent, Yann Kerlau retrace l'itinéraire, quasi sans faute, d'une jeune provincial qui quitte La Rochelle à 18 ans, non sans avoir auparavant gifflé un prof qu'il considérait déjà de haut. A Paris, c'est à la vraie vie - celle qui'il sait être faite pour lui, avec entrées dans les salons et rencontres influentes - qu'il s'attaque, pénétrant très rapidement les bons cercles.
Pierre Bergé vit une histoire d'amour avec le peintre Bernard Buffet, artiste montant de la scène parisienne, se lance dans le commerce des livres anciens avant de prendre en charge les affaires de son amant qu'il quittera pour un certain Yves Saint Laurent... La suite est connue, certes, mais Yann Kerlau en détaille chaque méandre, dévoilant la nature d'un amour où se mêlent création, business, sexe, argent (que Saint Laurent dépense sans penser à sa valeur), privilèges, excès et insouciance.
Des démarches faites aux Etats-Unis pour trouver le financement de la maison Saint Laurent (financement qu'il trouve grace à John Fairchild, directeur du journal de mode Women's Wear Daily qui assurera aux collections de Saint Laurent un soutien de partenaires) aux arcanes du pouvoir (que Bergé affectionne et fréquente très à gauche, notamment sous l'ère Mitterrand), en passant par son empreinte dans l'industrie des médias et du cinéma, la biographie de Kerlau retrace l'ascension d'un Rastignac qui a réussi à imposer la mode comme l'un des beaux-arts.