
Jain triomphe à Esperanzah!

Pour sa première journée, Esperanzah! s’est offert une copieuse entrée : le hip-hop noir-jaune-rouge de Roméo Elvis (sans Le Motel), le rap littéraire d’un éblouissant Gaël Faye ou les cuivres euphoriques d’une fanfare électromagnétique (Meute) sont, notamment, venus apporter sueur et bonheur sur le site. Mais le véritable temps fort du vendredi soir tient en quatre lettres : Jain. De passage à Floreffe pour une date exclusive, l’artiste française était attendue. Et, vu le nombre de festivaliers massés devant la scène du Jardin, on se dit que cette attente dépasse tout entendement. De mémoire, on n’avait pas vu une telle foule rassemblée au pied du podium d’Esperanzah! depuis la performance mythique d’un certain Manu Chao. C’est dire…
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Toujours seule en scène, Jain débarque vêtue d’une combinaison bleu vif. Le costume, signé Agnès B., vient marquer la fin d’un cycle vestimentaire. Sa célèbre robe noire remisée au placard, la chanteuse met de nouvelles couleurs dans son répertoire. Attendu pour la fin du mois d’août, l’album ‘Souldier’ est d’emblée mis à l’honneur avec ‘On My Way’, morceau conquérant, sexy et terriblement sautillant. Pour le public, ce nouveau télescopage d’électro et de sons chipés aux quatre coins de la planète est l’occasion de relancer la machine à transpiration. « On m’a dit qu’il pleuvait tout le temps, en Belgique », s’amuse Jain. « Mais c’est complètement faux ! Il fait toujours chaud chez vous. » Là-dessus, elle fait monter la température d’un cran, enchaînant ses tubes (‘Come’, ‘Dynabeat’) et quelques primeurs : ‘Alright’, ‘Oh Man’, des chansons qui vont faire un énorme carton au cours des prochains mois.
Plus nourrissante qu’une barre énergétique, la prestation du soir se dévoile à l’aune de saveurs orientales, caribéennes et de rythmiques africaines qui, invariablement, poussent les gens à sautiller. Mains en l’air, sourire aux lèvres. Entourée de projections minimalistes, Jain se dépense sans compter, rivalisant tranquillement avec les limites d’un lapin Duracel. Chez elle, l’énergie est solaire, ultra communicative. Rebondissant de gauche à droite, se dandinant derrière ses machines, elle ose tout, même s’attaquer au thème de ‘L’Inspecteur Gadget’ le temps d’un rap bariolé (‘Inspecta’). Le final revient à l’inusable ‘Makeba’ et son refrain entêtant. Dans la fosse, on assite à de nouveaux records de saut en hauteur. La chanson entraîne une forme d’euphorie collective et impose un constat majeur : là où il y a Jain, il n’y a visiblement que du plaisir.
Photo: Andy Tierce